Le gouvernement congolais passe à la vitesse supérieure dans la mise en œuvre du permis de conduire biométrique. Vendredi dernier, le Vice-Premier Ministre chargé des Transports, Jean-Pierre Bemba, a symboliquement remis les premiers équipements de contrôle biométrique à son homologue de l’Intérieur, marquant le lancement officiel des opérations de vérification sur les routes nationales.
Cette cérémonie hautement protocolaire intervient deux mois après l’expiration du moratoire accordé aux conducteurs pour se mettre en conformité. « Le gouvernement réaffirme sa volonté inébranlable de moderniser le système de gestion des permis de conduire », a déclaré Jean-Pierre Bemba dans un communiqué, avertissant que « les contrevenants s’exposent à des sanctions prévues en la matière ».
Les équipements biométriques seront déployés en priorité dans trois villes pilotes : Kinshasa, Matadi et Lubumbashi. La police nationale congolaise disposera ainsi des outils technologiques nécessaires pour vérifier l’authenticité des permis de conduire à puce électronique, une innovation supposée mettre fin aux fraudes massives qui ont longtemps caractérisé ce secteur.
Pourtant, derrière l’affichage volontariste se cache une réalité plus complexe. Une source au ministère des Transports confie que le moratoire expiré le 30 juin dernier n’était qu’une « forme de pression » pour inciter les automobilistes à acquérir le nouveau document. Stratégie qui semble pour l’instant produire des résultats mitigés.
La Commission Nationale de Délivrance de Permis de Conduire (CONADEP) fait face à une faible affluence, que les observateurs attribuent principalement au « prix exorbitant » du nouveau permis biométrique. Les tarifs, fixés par la DGRAD en octobre 2023, varient de 38,5 USD pour les motos à 99 USD pour les poids lourds, des montants substantiels dans un pays où le revenu moyen reste parmi les plus bas d’Afrique.
Le gouvernement joue-t-il son crédit dans cette réforme ambitieuse ? La modernisation du système des permis de conduire représente un enjeu de sécurité routière majeur, mais aussi un test pour la capacité de l’administration congolaise à concilier innovation technologique et accessibilité financière.
Les prochaines semaines seront déterminantes. Le succès de cette opération dépendra autant de l’efficacité des contrôles que de l’acceptation par les usagers de cette nouvelle fiscalité routière. Entre modernisation nécessaire et réalité socio-économique, le gouvernement devra naviguer avec prudence pour éviter que cette réforme ne se transforme en abcès de fixation populaire.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd