Une tragédie fluviale a une nouvelle fois endeuillé la province du Kasaï. Mardi 2 septembre, une pirogue surchargée a chaviré dans les eaux tumultueuses de la rivière Kasaï, emportant avec elle quatre vies dont celle d’une femme. Le drame s’est produit dans le secteur de Ndjoko-Punda, territoire de Luebo, alors que l’embarcation reliait le village Kabangu au marché de Kasonga Biyenge.
« Quatre passagers ont trouvé la mort. Le corps de la femme a déjà été repêché et inhumé. Les recherches se poursuivent pour retrouver les trois autres », témoigne André Lubu, cadre de la Nouvelle Société Civile Congolaise à Luebo. Derrière ces chiffres froids se cachent des destins brisés, des familles anéanties, des communautés traumatisées.
Comment en est-on arrivé là ? Les causes exactes de cet accident pirogue Kasaï restent à déterminer, mais un constat s’impose : les naufrages se succèdent dans une indifférence quasi générale. La surcharge chronique des embarcations, l’absence de gilets de sauvetage, le manque de formation des navigateurs et l’état précaire des pirogues transforment quotidiennement les cours d’eau en pièges mortels.
La société civile Luebo tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme. « Nous lançons un appel pressant aux autorités provinciales pour qu’elles prennent des mesures concrètes en matière de sécurité fluviale RDC », insiste André Lubu. Car cette tragédie rivière Kasaï n’est malheureusement pas un cas isolé. Elle s’inscrit dans une longue série d’accidents évitables qui endeuillent régulièrement les communautés riveraines.
Les populations locales, souvent démunies face aux impératifs économiques, prennent des risques inconsidérés. Le transport fluvial reste pour beaucoup la seule alternative pour accéder aux marchés, aux services de santé ou pour rejoindre leurs proches. Faut-il choisir entre sécurité et survie économique ? La question mérite d’être posée alors que des vies continuent de se perdre dans l’indifférence.
Les solutions existent pourtant : mise en place de contrôles techniques réguliers, limitation stricte du nombre de passagers, équipement de sécurité obligatoire, sensibilisation des usagers. Autant de mesures qui pourraient prévenir de nouveaux drames. Mais leur application se heurte à l’absence de volonté politique et au manque de moyens alloués à la sécurité fluviale.
Cette nouvelle tragédie nous rappelle cruellement l’urgence d’agir. Combien de vies faudra-t-il encore sacrifier avant que des mesures concrètes ne soient enfin prises ? Les habitants du Kasaï méritent mieux que de devoir risquer leur vie pour simplement se déplacer. Il est temps que les autorités assument leurs responsabilités et fassent de la sécurité fluviale une priorité nationale.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd