Une analyse géospatiale approfondie menée par Human Rights Watch révèle une augmentation significative du nombre de sépultures au cimetière militaire de Kanombe à Kigali, coïncidant temporellement avec l’offensive lancée par le M23 et les Forces rwandaises de défense dans l’est de la République démocratique du Congo. L’organisation internationale a mobilisé des technologies d’imagerie satellite haute résolution pour documenter méthodiquement l’évolution de ce site funéraire entre janvier 2017 et juillet 2025.
Les données recueillies établissent une corrélation troublante entre l’intensification des conflits armés en territoire congolais et l’expansion accélérée du cimetière militaire rwandais. Alors que la période de 2017 à mi-2021 enregistrait une moyenne hebdomadaire de 1,7 nouvelle tombe, ce chiffre a quadruplé après la résurgence du M23 début 2022, atteignant six inhumations par semaine. La phase la plus critique intervient entre décembre 2024 et avril 2025, correspondant précisément aux opérations militaires pour le contrôle de Goma, où la moyenne hebdomadaire s’élève à 22 nouvelles sépultures.
Le décompte exhaustif réalisé par HRW fait état de 1.171 tombes supplémentaires apparues entre janvier 2022 et juillet 2025, dont 460 concentrées sur les six derniers mois de cette période. Ces chiffres contrastent singulièrement avec les déclarations officielles rwandaises qui, selon des sources onusiennes consultées en ligne, n’auraient reconnu que moins de dix décès de militaires en opérations extérieures durant le même intervalle temporel.
L’étude cartographique démontre que la majorité des nouvelles inhumations se localisent dans la section méridionale du cimetière de Kanombe. Une zone spécifique y a été défrichée entre le 4 et le 6 novembre 2024, desservie par une route nouvellement construite. Février 2025 marque une accélération notable avec l’aménagement de deux nouvelles parcelles funéraires au sud des infrastructures militaires, déjà partiellement occupées par 45 sépultures identifiables au 3 juillet dernier.
Cette investigation confirme et précise les révélations initialement publiées par The Guardian en février 2025, alors que l’offensive du M23 et des RDF connaissait son paroxysme. Les observations satellitaires viennent objectiver des préoccupations antérieures de HRW qui, dès juin 2025, qualifiait le Rwanda de « puissance occupante » au regard du droit international humanitaire, en raison de son contrôle apparent sur les opérations du M23 en territoire congolais.
Le gouvernement rwandais maintient sa position officielle de rejet concernant tout soutien militaire direct au mouvement rebelle. Pourtant, les éléments recueillis par HRW suggèrent une implication tangible des forces rwandaises dans des opérations ayant conduit à des crimes de guerre documentés. L’organisation ong appelle conséquemment Kigali à cesser immédiatement toute forme d’appui au M23 et à respecter ses obligations internationales.
Cette documentation méticuleuse ouvre des perspectives juridiques significatives quant à la responsabilisation des acteurs impliqués dans ce conflit régional. La communauté internationale se trouve confrontée à des preuves tangibles nécessitant une réponse appropriée face aux violations répétées du droit international humanitaire dans l’est de la RDC.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd
