Alors que la cloche de la rentrée scolaire a retenti ce 1er septembre 2025 dans le territoire de Beni, une réalité brutale s’impose à Mavivi, localité située à 15 km du centre-ville. Ici, pas de bâtiments scolaires flambants neufs, mais des chapelles catholiques transformées en salles de classe improvisées pour accueillir des centaines d’élèves déplacés. Une image poignante qui résume à elle seule la crise éducative qui frappe cette région du Nord-Kivu.
Comment en est-on arrivé à devoir utiliser des lieux de culte pour assurer l’éducation des enfants ? La réponse se trouve dans la destruction systématique des infrastructures scolaires, emportées par les intempéries selon Roger Muvunza, directeur de l’école primaire de Mavivi. « Le vent avait emporté six salles de classe », explique-t-il, décrivant une organisation quotidienne complexe où chrétiens et élèves se partagent les mêmes espaces.
Cette situation n’est malheureusement pas isolée. L’insécurité persistante dans des zones comme Ndalya, Otomabere et Eringueti-Komanda a provoqué un afflux massif de familles déplacées vers des localités considérées comme plus sûres. Les écoles de Beni se retrouvent ainsi submergées, devant faire face à un afflux d’élèves sans avoir les infrastructures nécessaires pour les accueillir dignement.
À l’école primaire de Furaha, les cours se déroulent dans des salles de fortune construites en planches. Kasereka Meso, le directeur, témoigne des difficultés supplémentaires rencontrées par les enfants déplacés : « Ils rencontrent des difficultés, notamment le manque d’uniformes. Il y a aussi des enfants déplacés qui viennent sans cahier ». Des conditions qui posent la question cruciale de la qualité de l’éducation dispensée dans un tel contexte de précarité.
Pourtant, malgré l’adversité, c’est une leçon de résilience que nous offrent enseignants, parents et élèves. La détermination à maintenir coûte que coûte l’accès à l’éducation devient un acte de résistance face à la crise. Ces écoles chapelles, bien que symboles d’un système éducatif en détresse, représentent aussi l’espoir têtu d’une communauté qui refuse d’abandonner sa jeunesse.
La situation à Beni interpelle sur l’urgence de reconstruire les infrastructures scolaires détruites et de sécuriser les zones de conflit pour permettre le retour des déplacés. Car derrière chaque élève assis sur un banc d’église se cache un enfant dont le droit fondamental à l’éducation est bafoué par les circonstances. Une génération entière risque de payer le prix fort de cette crise si des solutions durables ne sont pas rapidement apportées.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net
