Dans un contexte de tensions persistantes à l’Est de la République Démocratique du Congo, l’opposant Martin Fayulu a formulé une proposition audacieuse ce jeudi lors d’une rencontre avec Jean-Pierre Lacroix, Secrétaire général adjoint des Nations Unies chargé des opérations de paix. Le leader de l’ECIDE a plaidé pour une transformation radicale du mandat de la MONUSCO RDC, suggérant son évolution vers un mandat robuste de rétablissement de la paix plutôt que son maintien dans son cadre actuel.
Cette position, exposée à l’issue d’échanges nourris avec la délégation onusienne, soulève des questions fondamentales sur l’efficacité des mécanismes internationaux de stabilisation. La MONUSCO, présente depuis plus de deux décennies en RDC, verrait ainsi son rôle profondément reconfiguré pour répondre aux défis sécuritaires contemporains. Mais jusqu’où l’ONU est-elle prête à aller dans cette direction?
La délégation de l’opposition congolaise, composée de figures politiques majeures dont Dominique Munongo (parti de Moïse Katumbi), Jean-Marc Kabund (Alliance pour le changement) et Franklin Tshiamala (parti d’Augustin Matata Ponyo), a abordé plusieurs dossiers sensibles. Les discussions ont porté sur les processus de Washington et de Doha, deux initiatives diplomatiques cruciales pour la résolution de la crise dans l’Est du pays, ainsi que sur les impératifs d’un dialogue national véritablement inclusif.
Martin Fayulu a particulièrement insisté sur l’application stricte de la résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU, texte qui exige clairement l’arrêt du soutien rwandais aux groupes armés M23 et AFC ainsi que le retrait immédiat de ces factions des localités illégalement occupées. Cette position ferme interroge sur la capacité de la communauté internationale à faire respecter ses propres décisions.
De son côté, Jean-Marc Kabund a élargi le débat en plaidant pour l’inclusion des Congolais en exil dans tout dialogue national, citant nommément Joseph Kabila, Corneille Nangaa, Moïse Katumbi, Matata Ponyo et Franck Diongo. Cette proposition, si elle était retenue, modifierait substantiellement l’équation politique congolaise et pourrait either apaiser ou complexifier davantage le paysage politique déjà fragmenté.
La demande d’un mandat robuste pour la MONUSCO RDC soulève des interrogations stratégiques majeures. Un tel mandat impliquerait-il des règles d’engagement plus offensives? Quelles en seraient les implications pour la souveraineté nationale? Comment concilier interventionnisme accru et respect des principes de non-ingérence? Autant de questions qui devront trouver des réponses claires avant toute modification substantielle du mandat de la mission onusienne.
Cette rencontre intervient à un moment particulièrement sensible pour la stabilisation de la RDC, alors que les violences persistent dans les provinces orientales malgré la présence internationale. La proposition de Martin Fayulu et de l’opposition congolaise témoigne d’une frustration croissante face à l’inefficacité perçue des mécanismes actuels de maintien de la paix. Reste à savoir si cette vision trouvera écho au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net