De violents affrontements ont une fois de plus ensanglanté le territoire de Rutshuru, dans la province du Nord-Kivu, ce jeudi 4 septembre. Dès les premières heures de la matinée, des combats intenses ont opposé les miliciens Wazalendo du Collectif des Mouvements pour le changement (CMC) aux rebelles du M23 dans plusieurs localités de la chefferie de Bwito. Cette recrudescence des hostilités a plongé la région dans un chaos indescriptible, paralysant toute activité socio-économique.
Les localités de Mbandaka, Nyanzale, Kikuku et Kibirizi ont été le théâtre d’échanges de tirs nourris. À Nyanzale, le bruit des armes lourdes et légères a créé un vent de panique parmi la population civile. Les établissements scolaires ont immédiatement fermé leurs portes, les marchés sont restés déserts, et les habitants, terrifiés, se sont barricadés dans leurs habitations. Un jeune homme a été grièvement blessé par balle selon des témoins oculaires, victime collatérale de ces violences absurdes.
À Kikuku, la situation n’était guère meilleure. Les tirs en provenance des collines environnantes ont accentué le climat de psychose qui règne dans cette zone depuis plusieurs semaines. Les agriculteurs, surpris dans leurs champs par les échanges de tirs et les chutes d’obus, ont payé un lourd tribut. Plusieurs victimes sont signalées parmi eux, bien qu’aucun bilan officiel n’ait encore été communiqué par les autorités compétentes.
Comment expliquer cette escalade de violence dans une région déjà meurtrie par des années de conflit ? Les sources locales évoquent des morts et des blessés, mais le silence des autorités sur le bilan exact reste inquiétant. Cette opacité alimente les rumeurs et accroît l’angoisse des populations civiles, premières victimes de ces affrontements entre groupes armés.
Le groupement Mutanda vit des heures sombres depuis le début de la semaine. Dans la nuit de mardi à mercredi, des scènes de pillage et de nouveaux affrontements ont été rapportées à Kibirizi, poussant plusieurs familles à fuir vers Nyamilima, dans le territoire voisin de Masisi. Cet exode forcé vient s’ajouter au drame humanitaire qui secoue l’Est de la République Démocratique du Congo depuis des décennies.
La sécurité dans l’Est du Congo reste plus que jamais un défi majeur pour les autorités nationales et la communauté internationale. Ces récents affrontements entre le M23 et les Wazalendo du CMC rappellent cruellement la fragilité de la situation sécuritaire dans cette région riche en ressources mais minée par les conflits armés. Jusqu’à quand les populations civiles devront-elles payer le prix de ces luttes fratricides ?
Les combats au Nord-Kivu, particulièrement dans le territoire de Rutshuru, constituent une menace permanente pour la stabilité de toute la région des Grands Lacs. La recrudescence des activités des groupes armés dans cette zone frontalière avec le Rwanda et l’Ouganda interpelle tous les acteurs concernés par la paix en Afrique centrale.
Le conflit armé en RDC continue de faire des victimes innocentes, détruire des moyens de subsistance et compromettre l’avenir de toute une génération. Les récentes violences à Rutshuru soulignent l’urgence d’une solution durable pour mettre fin à cette spirale infernale qui frappe le Nord-Kivu depuis trop longtemps.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net
