Dans les collines verdoyantes de l’Ituri, une transformation silencieuse est en marche. Le Programme de désarmement, démobilisation, relèvement communautaire et stabilisation (P-DDRCS) montre des résultats tangibles qui redonnent espoir aux communautés meurtries par des années de violence. Comment des anciens combattants peuvent-ils retrouver leur place dans la société ? La réponse se construit jour après jour à travers des projets concrets qui tissent de nouveaux liens sociaux.
À Tsere, à quelques kilomètres de Bunia, un élevage de vaches symbolise cette renaissance. Une cinquantaine d’ex-combattants, autrefois enrôlés dans des groupes armés, travaillent désormais côte à côte avec des membres de la communauté locale. « Ces bêtes représentent bien plus qu’une source de revenus », confie un bénéficiaire qui préfère garder l’anonymat. « Elles sont la preuve que nous pouvons reconstruire ensemble ».
La visite du coordonnateur national du P-DDRCS, Jean de Dieu Ntanga Ntita, ce mardi 2 septembre 2025, a mis en lumière les avancées significatives de ces initiatives soutenues par la MONUSCO. Le désarmement et la démobilisation en Ituri ne se limitent pas à déposer les armes : il s’agit d’un processus complexe de réinsertion sociale et économique qui demande un accompagnement sur le long terme.
Sur le terrain, les travaux de réhabilitation des routes agricoles relient désormais plusieurs villages isolés. Ex-combattants et habitants creusent, nivellent et stabilisent ces artères vitales pour le commerce local. « Avant, nos récoltes pourrissaient sur place à cause du mauvais état des pistes », témoigne une agricultrice du secteur. « Maintenant, nous travaillons ensemble à notre prospérité commune ».
Plus qu’un simple chantier, ce projet devient une école de la coexistence pacifique. Chaque coup de pioche, chaque pelletée de terre contribue à bâtir la confiance entre des communautés qui se sont longtemps regardées avec méfiance. La stratégie de stabilisation en Ituri mise précisément sur cette approche : transformer les anciennes tensions en collaborations productives.
Non loin de là, le chantier d’un bureau de coopérative prend forme. Ce futur lieu de rencontre permettra aux ex-combattants et aux populations locales de développer ensemble des activités génératrices de revenus. Une manière concrète de favoriser la cohésion sociale tout en stimulant l’économie locale. Le programme P-DDRCS comprend que la réinsertion passe nécessairement par l’autonomie économique.
Mais ces avancées restent fragiles. Les défis sont nombreux : financements limités, méfiance persistante, difficultés d’accès à certaines zones. La MONUSCO apporte un soutien technique et financier crucial, mais la pérennité de ces actions dépendra de l’appropriation par les communautés elles-mêmes. Comment garantir que ces projets survivront au départ des partenaires internationaux ?
Le coordonnateur national a encouragé les bénéficiaires à persévérer dans leurs efforts. Son message était clair : la réussite de la réinsertion des ex-combattants en RDC dépend de leur engagement à reconstruire une vie normale au sein de la communauté. Les projets visités s’inscrivent dans une stratégie plus large visant la paix durable dans une région marquée par des cycles de violence répétés.
À mesure que le soleil descend sur les collines de l’Ituri, les travailleurs rangent leurs outils. Demain, ils recommenceront, ensemble. Chaque jour apporte son lot de défis, mais aussi son lot d’espoir. La route vers la stabilisation complète de l’Ituri reste longue, mais ces initiatives concrètes montrent que le chemin, aussi difficile soit-il, est désormais tracé.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net