Une paralysie totale frappe depuis ce mercredi matin la ville de Beni, dans le Nord-Kivu. Les activités socio-économiques sont à l’arrêt complet suite à une manifestation initiée par les combattants Wazalendo et des mouvements citoyens locaux. Le motif de cette colère populaire ? La nomination controversée du général Olivier Gasita à la tête des services de renseignement dans la région.
Les manifestants expriment une méfiance absolue envers ce haut gradé. Ils redoutent qu’il ne serve d’agent double au profit de la rébellion du M23. Cette crainte s’ancre dans un contexte déjà volatile où ce groupe armé contrôle Bukavu et plusieurs localités du Sud-Kivu voisin. La population de Beni refuse-t-elle ainsi un officier perçu comme un cheval de Troie ? La question plane sur toute la ville.
Les conséquences sont immédiates et visibles. Les écoles ont fermé leurs portes. Les marchés restent déserts. Les transports sont interrompus dans les quartiers de Mulongwe, Kasenga et Kanvinvira. La route reliant le pont Mulongwe à Kanvinvira, habituellement très fréquentée, est étrangement calme. Seules quelques voitures osent s’aventurer à circuler.
Cette paralysie s’accompagne d’une tension sociale palpable, exacerbée par un incident violent survenu la veille à Kalungwe. Deux civils, un conducteur de moto-taxi et son passager, ont été blessés par balle. Le tireur serait un combattant Wazalendo. La motivation ? Le refus des deux hommes de participer à la manifestation prévue. Cet acte a jeté de l’huile sur le feu, illustrant la radicalisation et les méthodes coercitives employées.
Cette flambée de violence n’est malheureusement pas un cas isolé. Les derniers jours ont été marqués par une recrudescence des affrontements entre les Wazalendo et les FARDC. La situation dégénère rapidement. Le 25 août dernier, un accrochage meurtrier avait déjà opposé les deux camps. Il faisait suite à l’arrivée d’une délégation burundaise venue pour les obsèques du colonel Patrick. Bilan : au moins cinq combattants Wazalendo tués et quatorze autres arrêtés selon les autorités militaires.
La nomination du général Gasita agit donc comme un détonateur dans un baril de poudre déjà bien rempli. Elle cristallise les peurs, les frustrations et un profond sentiment d’insécurité. La population de Beni est prise en étau entre la rébellion du M23, les milices locales et maintenant des tensions internes au sein des forces supposées la protéger. Jusqu’où cette escalade peut-elle mener ? La communauté internationale observera-t-elle une nouvelle détérioration de la situation dans le Nord-Kivu ?
Pour l’instant, le calme précaire et la paralysie règnent. Les rues de Beni portent les stigmates de cette défiance et de cette colère. L’économie locale est asphyxiée. L’avenir immédiat de la région semble suspendu à la résolution de cette crise de confiance et au désamorçage d’une tension devenue explosive.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net