Le député provincial Gilbert Sivamwenda, élu du territoire de Mambasa dans la province de l’Ituri, a levé le voile sur une pratique systémique qui entrave la libre circulation sur la route nationale 44. Dans une déclaration rendue publique mardi, l’élu local a dénoncé avec force l’existence d’au moins sept barrières illégales érigées par des services étatiques entre Mambasa-Centre et Makeke.
Qui pourrait imaginer qu’un tronçon routier de 108 kilomètres, pourtant vital pour la connectivité régionale, soit transformé en couloir de prédélèvement arbitraire ? Les usagers empruntant cet axe stratégique reliant l’Ituri au Nord-Kivu sont systématiquement soumis à un racket organisé, avec des sommes exigées variant entre 1000 et 150 000 francs congolais – l’équivalent de plus de 50 dollars américains – sans aucun motif officiel justifiant ces prélèvements.
Les points de contrôle identifiés par le parlementaire provincial se situent à Makeke, Bella, Biakato Mayi, Lwemba, Pont Ituri, Mayuwano et PK 11. Autant de barrières illégales RDC qui constituent autant d’entraves au développement économique de la région. Cette situation interpelle sur l’efficacité de la gouvernance territoriale et la capacité de l’État à assurer la sécurité des voies de communication.
Les tracasseries routières Ituri ne sont malheureusement pas un phénomène nouveau, mais leur systématisation sur la route Mambasa Makeke atteint des proportions alarmantes. Comment expliquer que des agents des services de l’État puissent ainsi détourner leurs missions régaliennes pour instituer un péage sauvage ? Cette pratique non seulement appauvrit davantage une population déjà vulnérable, mais discrédite également l’autorité de l’État dans une région où la présence institutionnelle peine souvent à s’imposer.
La corruption RN44 symbolise les défis structurels auxquels fait face la République Démocratique du Congo dans son processus de consolidation étatique. Le député Gilbert Sivamwenda, par sa dénonciation courageuse, pose un acte politique fort qui devrait normalement entraîner une réaction immédiate des autorités compétentes. Son appel à une intervention rapide des autorités soulève cependant une question fondamentale : jusqu’où peut s’étendre l’impunité dont bénéficient les auteurs de ces exactions ?
L’administrateur du territoire de Mambasa, contacté par Radio Okapi, a promis de vérifier ces allégations avant de prendre d’éventuelles mesures. Cette prudence administrative, bien que compréhensible dans une logique de procédure, contraste avec l’urgence exprimée par les usagers et le parlementaire. La lenteur administrative face à des pratiques illégales flagrantes n’envoie-t-elle pas un signal contre-productif aux auteurs de ces exactions ?
La persistance de ces barrières illégales interroge la volonté politique réelle de mettre fin à des pratiques qui minent le développement économique et la cohésion sociale. Le tronçon Mambasa-Centre/Makeke, s’il était sécurisé et libéré de ces entraves, pourrait constituer un vecteur de croissance économique pour toute la région. Mais peut-on sérieusement envisager le développement d’échanges commerciaux dans un contexte où la mobilité des personnes et des biens reste otage de pratiques prédatrices ?
La balle est désormais dans le camp des autorités provinciales et nationales. Leur réaction – ou leur absence de réaction – face à ces révélations sera soigneusement analysée par les observateurs de la vie politique congolaise. L’enjeu dépasse la simple suppression de points de contrôle illégaux : il touche à la crédibilité de l’État de droit et à la capacité des institutions à protéger les citoyens contre les abus de pouvoir.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net