Alors que plus de 29 millions d’élèves franchissent les portes des écoles congolaises ce lundi 1er septembre 2025, la ministre Raïssa Malu donne le coup d’envoi d’une année scolaire placée sous le signe de la transformation éducative. Mais au-delà des cérémonies protocolaires à l’École Saint Louis de Moanda, quelles réformes concrètes attendent réellement le système éducatif congolais ?
La gratuité de l’enseignement de base, pierre angulaire de la politique éducative, sera-t-elle enfin consolidée après des années de promesses ? La ministre d’État assure que oui, mais les défis logistiques restent immenses, particulièrement dans les zones en conflit où l’accès à l’éducation relève du parcours du combattant.
« L’école doit être un lieu de formation de citoyens conscients et responsables », affirme Raïssa Malu, insistant sur l’intégration de la Nouvelle Citoyenneté dans les programmes. Des initiatives comme les clubs scolaires et les rituels patriotiques se généraliseront-ils vraiment dans toutes les écoles du pays, y compris les plus reculées du Kongo Central ?
Le gouvernement promet également un virage technologique, mais comment concrétiser cette ambition dans des régions où l’électricité reste un luxe et la connexion internet une utopie ? Les mesures d’urgence comme les salles temporaires et l’enseignement à distance pourront-elles compenser les disruptions causées par les crises sécuritaires à l’Est du pays ?
Jean Jacques Tuba Bozo, ministre provincial de l’Éducation du Kongo Central, dresse un tableau impressionnant avec 5255 écoles opérationnelles dans la province. Mais derrière ces chiffres, quelle réalité qualitative ? Les 426 écoles maternelles, 2879 écoles primaires et 1950 écoles secondaires sont-elles équipées pour accueillir dignement les élèves ?
La question des revendications enseignantes plane comme une épée de Damoclès sur cette rentrée. Le gouvernement promet de « tout mettre en œuvre » pour honorer ses engagements, mais les enseignants congolais, souvent payés avec retard et dans des conditions précaires, peuvent-ils vraiment croire à ces promesses répétées ?
Raïssa Malu lance un appel à la « mobilisation collective », mais cette rhétorique unitaire suffira-t-elle à surmonter les obstacles structurels qui entravent depuis des décennies le système éducatif congolais ? L’alignement avec le Plan quinquennal 2024-2029 et la vision présidentielle d’une éducation inclusive représente-t-il une réelle rupture ou simplement une énième déclaration d’intention ?
Alors que la cloche de la rentrée scolaire 2025-2026 retentit across la RDC, élèves, enseignants et parents observent avec un mélange d’espoir et de scepticisme ces annonces ministérielles. La véritable réussite ne se mesurera pas dans les discours protocolaires, mais dans les salles de classe, où se joue quotidiennement l’avenir éducatif de millions de jeunes Congolais.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd