Dans un contexte de tensions sécuritaires persistantes à l’Est du pays, le ministère de la Jeunesse et Éveil Patriotique engage une vaste opération de reconquête de la confiance des jeunes congolais. La ministre Grâce Emie Kutino, fraîchement nommée, a dévoilé lors du 56e conseil des ministres une stratégie ambitieuse visant à restaurer le contrat social entre la jeunesse et l’État. Cette initiative intervient alors que les divisions provinciales de la jeunesse peinent à mobiliser face aux défis multiples que traverse la nation.
Le premier volet de ce plan, présenté à la Cité de l’Union Africaine le 29 août 2025, prévoit des consultations nationales de la jeunesse congolaise. « Il s’agit de recueillir les contributions des jeunes pour l’élaboration de la politique nationale de la jeunesse », a expliqué la ministre, soulignant l’impératif de « raviver l’amour de la patrie dans le cœur des jeunes ». Une démarche qui interroge : peut-on réellement reconstruire la confiance par des consultations, alors que les défis sécuritaires et économiques restent entiers ?
Le deuxième axe stratégique concerne la relance du Conseil National de la Jeunesse (CNJ), dont l’assemblée générale électrice, initialement prévue le 10 août, a été reportée au 30 août. Les présidents des bureaux des conseils provinciaux de la jeunesse séjournent à Kinshasa depuis début août 2025, dans l’attente de ces assises déterminantes. Ce calendrier ajusté témoigne-t-il des difficultés d’organisation ou d’enjeux politiques sous-jacents ?
La ministre Grâce Emie Kutino entend faire de l’éveil patriotique un levier de mobilisation collective face à la détérioration de la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC. Son ministère, dans le cadre du Programme d’Actions du Gouvernement 2024-2028, doit mettre en œuvre des actions de proximité pour restaurer la confiance entre la jeunesse congolaise et les institutions de la République. Mais comment concilier les urgences sécuritaires avec les impératifs de reconstruction du contrat social ?
Des rencontres entre la Première ministre, le Président de la République et les jeunes sont envisagées, selon le compte-rendu ministériel. Cette volonté de dialogue direct marque une rupture avec les pratiques passées, mais suffira-t-elle à convaincre une jeunesse souvent sceptique face aux promesses institutionnelles ? Le ministère de la Jeunesse et Éveil patriotique pourra-t-il transformer ces consultations en actions tangibles ?
La réussite de ce projet dépendra de la capacité des institutions à traduire les paroles en actes. Alors que le pays traverse une période critique, la jeunesse congolaise attend plus que des discours : elle aspire à des perspectives concrètes et à une reconnaissance de son rôle de moteur du changement. Le contrat social jeunesse-institutions pourra-t-il résister aux défis actuels ? La réponse se construira dans les prochains mois, au rythme des actions de terrain et de la crédibilité retrouvée des engagements gouvernementaux.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd