Dans une opération menée aux aurores ce mardi 2 septembre, les forces de l’ordre ont violemment dispersé les partisans de Constant Mutamba massés devant sa résidence à Ngaliema. Vers 3 heures du matin, selon des témoins, l’intervention musclée a provoqué des blessures graves parmi les manifestants. Quatre personnes, dont deux jeunes hommes et deux femmes, ont été évacuées vers le centre hospitalier SILOE de Gramalic, soulevant des questions sur les méthodes employées par les services de sécurité.
Constant Mutamba, ancien ministre de la Justice et Garde des Sceaux, demeurait cloîtré chez lui en attendant le verdict de la Cour de cassation dans une affaire de présumée tentative de détournement de fonds publics. Le procès, reporté à deux reprises, cristallise les tensions politiques autour de cette figure controversée. Le ministère public requiert dix ans de travaux forcés contre l’ex-ministre, accusé d’avoir tenté de détourner 19 millions de dollars destinés à la construction d’une prison à Kisangani.
Depuis plusieurs jours, les sympathisants du Nouvelle Génération pour l’Émergence du Congo (NOGEC) campaient pacifiquement devant la demeure de leur leader, espérant ainsi manifester leur soutien dans l’attente du jugement. Cette veille vigilante a tourné au drame avec l’intervention des forces de l’ordre, dont la légitimité et la proportionnalité interrogent. Pourquoi une dispersion aussi brutale à une heure si tardive ? Les autorités cherchaient-elles à éviter tout rassemblement médiatisé à l’annonce du verdict ?
Cette affaire dépasse le simple cadre judiciaire pour embrasser des enjeux politiques plus larges. Constant Mutamba, souvent perçu comme un rival potentiel du pouvoir en place, voit son procès instrumentalisé dans un contexte de lutte d’influence. La dispersion de ses partisans pourrait-elle être interprétée comme un avertissement adressé à l’opposition ? La gestion de ce dossier par les institutions judiciaires et sécuritaires témoigne-t-elle d’une justice à deux vitesses ?
Les blessures infligées aux civils risquent d’alimenter les critiques sur le respect des droits humains en République Démocratique du Congo. Les forces de l’ordre, souvent accusées d’un usage excessif de la force, se retrouvent une fois de plus sous le feu des projecteurs. Le gouvernement parviendra-t-il à justifier cette intervention auprès de l’opinion publique et des partenaires internationaux ?
L’issue du procès de Constant Mutamba pourrait avoir des répercussions significatives sur l’équilibre politique national. Une condamnation lourde affaiblirait durablement le NOGEC et ses alliés, tandis qu’un acquittement pourrait redynamiser l’opposition. Dans les deux cas, la crédibilité de la justice congolaise sera scrutée à la loupe. Les prochains jours s’annoncent décisifs, tant pour l’ancien ministre que pour la stabilité institutionnelle du pays.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
