La rentrée scolaire du 1er septembre 2025 à Kinshasa a été marquée par une présence anormalement faible d’élèves dans les salles de classe. Comment expliquer cette situation inquiétante qui prive des milliers d’enfants de leur droit fondamental à l’éducation ?
Dans plusieurs établissements de la capitale congolaise, les effectifs ne dépassaient pas le tiers de la capacité habituelle. Au lycée Notre Dame de la Providence, à l’EP Tobongisa et à l’Ecole du Savoir de Ngaliema, les bancs sont restés étrangement vides. Une situation qui interpelle sur les défis sécuritaires persistants dans le secteur éducatif en RDC.
La circulation de rumeurs annonçant des manifestations publiques ce jour-là serait la principale cause de cette désertion scolaire. De nombreux parents, soucieux de la sécurité de leurs enfants, ont préféré les garder à la maison par mesure de précaution. Une décision compréhensible mais qui soulève des questions sur le climat social dans la capitale.
Clarisse Musoy, éducatrice à l’école maternelle Saint Christophe, témoigne : « Des groupes d’individus sont venus nous inciter à retirer les enfants de l’école. Certains parents ont cédé à la pression par peur des violences potentielles. » Ce témoignage révèle l’impact des tensions sociales sur le fonctionnement normal des institutions éducatives.
Pourtant, les autorités provinciales avaient anticipé ces craintes. La veille de la rentrée, elles avaient annoncé la mise en place d’un dispositif sécuritaire spécial et rappelé qu’aucune manifestation violente ne serait tolérée. Le gouvernement provincial avait insisté sur l’importance du droit à l’éducation et confirmé le maintien de la rentrée scolaire. Mais visiblement, ces assurances n’ont pas suffi à rassurer complètement la population.
Certains établissements ont même choisi de reporter purement et simplement la rentrée. C’est le cas de l’école maternelle Saint Sacrement qui a reporté la reprise des classes à la semaine suivante, officiellement pour finaliser des travaux d’aménagement. Une coïncidence timing qui questionne sur la réalité des motivations.
Cette situation pose un sérieux défi pour l’éducation en RDC. Comment garantir la sécurité des écoles et la continuité pédagogique dans un contexte social parfois tendu ? La faible effectif élèves observé ce 1er septembre risque de creuser les inégalités scolaires et de compromettre les efforts pour améliorer la qualité de l’enseignement.
Les rumeurs manifestations, qu’elles soient fondées ou non, ont un impact tangible sur le fonctionnement du système éducatif. Elles sapent la confiance des parents et perturbent le calendrier scolaire déjà fragile. Une réflexion urgente s’impose sur les mécanismes de protection des établissements scolaires et de lutte contre la désinformation.
L’éducation RDC mérite mieux que ces perturbations récurrentes. Alors que le pays œuvre pour reconstruire son système éducatif, de tels incidents rappellent la vulnérabilité des acquis et la nécessité d’une approche globale incluant la dimension sécuritaire. La rentrée scolaire Kinshasa 2025 devait marquer une nouvelle étape vers la normalisation ; elle révèle plutôt la persistance des défis à surmonter.
La communauté éducative congolaise reste résiliente face à ces difficultés. Mais jusqu’à quand devra-t-elle composer avec un environnement aussi instable ? L’avenir de millions d’enfants congolais dépend de la capacité des autorités à garantir une sécurité écoles effective et permanente.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net