Dans un contexte politique marqué par des attentes populaires croissantes, le Président Félix Tshisekedi a instruit son gouvernement d’accélérer la mise en place d’un mécanisme de collaboration renforcée entre l’exécutif et son cabinet. Cette directive, adressée spécifiquement à la Première ministre Judith Suminwa, vise à garantir une synergie opérationnelle optimale pour la concrétisation des engagements présidentiels. Le chef de l’État a souligné l’impératif d’une circulation fluide de l’information et d’un suivi rigoureux des projets structurants, afin d’éviter les écueils traditionnels de l’administration congolaise.
Lors de la 54e réunion du Conseil des ministres, tenue le 29 août 2025, Félix Tshisekedi a rappelé que le gouvernement Suminwa II se doit d’incarner une équipe d’action et de résultats. Six engagements phares, présentés comme un « contrat de confiance » avec le peuple, constituent le socle du programme gouvernemental. Mais comment éviter que ces promesses ne restent lettre morte face aux lourdeurs bureaucratiques historiques ?
La réponse du président congolais réside dans l’établissement d’un cadre formel de collaboration, devant être proposé « sans délai » par la Première ministre. Ce mécanisme devra s’appuyer sur l’ordonnance n°24/88 du 11 octobre 2024, qui définit les modalités de collaboration entre la présidence et le gouvernement. Une référence légale qui, si elle est appliquée avec rigueur, pourrait marquer un tournant dans la gouvernance congolaise.
Le timing de cette injonction présidentielle n’est pas anodin. Annoncé après plusieurs mois d’attente, le gouvernement Suminwa II compte 53 membres, mélangeant reconductions, permutations et nouvelles figures. Avec plus de 60% des ministres issus de l’équipe précédente, la continuité semble privilégiée, mais le président mise également sur l’arrivée de profils issus de l’opposition et de la société civile pour insuffler une dynamique nouvelle.
Parmi les entrants remarqués, l’ancien Premier ministre Adolphe Muzito Fumutshi hérite du portefeuille stratégique du Budget, qu’il connaît pour l’avoir déjà occupé sous le gouvernement Gizenga. De son côté, Floribert Anzuluni Mavatiku, critique historique du pouvoir, devient ministre de l’Intégration régionale. En confiant la Justice à Guillaume Ngefa, militant des droits humains de renommée internationale, le pouvoir envoie un signal fort en matière d’ouverture démocratique.
Reste à savoir si cette diversité affichée se traduira par une efficacité accrue de l’action gouvernementale. Le président Tshisekedi en a fait une condition sine qua non du succès de son quinquennat. « La vision présentée au peuple congolais n’est pas une simple déclaration d’intentions », a-t-il martelé, exigeant des « résultats palpables et mesurables ».
La balle est désormais dans le camp de la Première ministre, chargée de proposer les lignes directrices de ce nouveau mode de collaboration. Son ability à imposer une culture du résultat sera scrutée à la loupe, dans un pays où les promesses politiques ont souvent buté sur les réalités administratives. Le gouvernement Suminwa parviendra-t-il à briser ce cycle ? La réponse dépendra largement de la capacité des différents acteurs à dépasser les logiques de chapelle pour servir une vision commune.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd