Le député national Gratien Iracan a officiellement saisi le Bureau de l’Assemblée nationale pour dénoncer ce qu’il qualifie de « graves menaces » proférées à son encontre par le lieutenant Jules Ngongo, porte-parole des forces armées en Ituri. Cette démarche institutionnelle intervient dans un contexte de tensions croissantes entre le pouvoir législatif et les autorités militaires dans cette province en proie à l’insécurité.
Dans une correspondance adressée au président de l’Assemblée nationale, l’élu de Bunia s’alarme de l’inaction persistante des institutions face à ce qu’il décrit comme une « dérive dangereuse » menaçant les fondements de l’État de droit. « La menace devient de plus en plus sérieuse, allant jusqu’à mettre en cause mon intégrité physique et celle de ma famille », a écrit le parlementaire, rappelant avoir miraculeusement échappé à une tentative d’assassinat en mai 2024.
Le lieutenant Jules Ngongo, dont les déclarations publiques ont régulièrement fait polémique, serait selon le député à l’origine de pressions inadmissibles visant à museler la représentation nationale. Cette affaire soulève des questions fondamentales sur la séparation des pouvoirs en RDC et le respect de l’immunité parlementaire. Jusqu’où l’armée peut-elle s’immiscer dans le débat démocratique sans compromettre la stabilité institutionnelle ?
La réaction du Bureau de l’Assemblée nationale sera particulièrement scrutée, alors que le député Iracan fustige déjà l’attentisme des instances parlementaires. « Votre Bureau nous fait croire qu’il est juste disposé à accompagner les dépouilles mortelles des députés au lieu de les protéger de leur vivant », déplore-t-il dans sa lettre, une formule cinglante qui en dit long sur l’exaspération des élus face aux menaces sécuritaires.
Au-delà de la protection individuelle du député, c’est l’équilibre constitutionnel qui semble mis en péril. Gratien Iracan appelle à une réaction institutionnelle ferme pour préserver « la séparation des pouvoirs et la stabilité » dans l’Ituri, province où l’autorité de l’État est régulièrement contestée par des groupes armés. Sa demande de sanctions disciplinaires et judiciaires contre le lieutenant Ngongo vise à réaffirmer la primauté du pouvoir civil sur l’institution militaire.
Parallèlement à sa saisine du parlement, l’élu a également alerté le Vice-Premier ministre de la Défense, démontrant une stratégie de recours multiples face à ce qu’il perçoit comme une menace systémique. Cette double démarche institutionnelle illustre la gravité de la situation et la détermination du parlementaire à obtenir des garanties concrètes pour sa sécurité et celle de sa famille.
Cette affaire intervient à un moment crucial où la relation entre armée et pouvoir politique fait l’objet de vifs débats. La RDC parviendra-t-elle à maintenir l’équilibre délicat entre sécurité nationale et respect des institutions démocratiques ? La réponse des autorités à cette crise test sera déterminante pour l’avenir de la démocratie congolaise.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd