Dans un contexte de tensions persistantes, le Panel des experts de la société civile interpelle une nouvelle fois le chef de l’État congolais. Cette seconde missive, révélée jeudi 28 août, souligne l’urgence d’une décrispation politique face à une situation qui menace dangereusement la cohésion nationale. Le président Tshisekedi se trouve ainsi confronté à un dilemme complexe : comment concilier mesures sécuritaires et respect des droits fondamentaux ?
La lettre ouverte met en lumière une problématique particulièrement sensible : les restrictions bancaires imposées aux populations des zones sous contrôle du M23. Le gouvernement justifie ces mesures par des impératifs sécuritaires, mais la société civile y voit une punition collective illégitime. Des milliers de familles se retrouvent privées de leurs économies, aggravant une précarité déjà accentuée par les conflits armés. Cette approche ne risque-t-elle pas de nourrir un ressentiment contre-productif parmi les populations civiles ?
Les arrestations arbitraires dénoncées par le Panel posent une question fondamentale sur l’état de droit en RDC. Plusieurs citoyens, militants et acteurs politiques feraient l’objet de détentions sans base légale suffisante, selon les signataires. Ces pratiques, si elles étaient confirmées, représenteraient une dérive inquiétante pour la jeune démocratie congolaise. Le climat de méfiance qui en résulte pourrait-il compromettre les efforts de stabilisation ?
La société civile plaide pour une gouvernance plus inclusive et respectueuse des droits humains. Elle appelle à un dialogue national élargi, capable de dépasser les clivages politiques traditionnels. La gestion de la crise sécuritaire dans l’Est du pays nécessiterait une approche multidimensionnelle, combinant action militaire et stratégie socio-économique. Le président Tshisekedi saura-t-il tirer parti de ces alertes pour ajuster sa politique ?
Cette intervention du Panel s’inscrit dans une tradition congolaise de vigilance citoyenne face au pouvoir. Elle rappelle que la légitimité politique se construit aussi dans le respect des contre-pouvoirs et des mécanismes de redevabilité. La réponse présidentielle à cette interpellation sera scrutée à la loupe, tant par les acteurs nationaux que par la communauté internationale. La crédibilité des institutions en dépend peut-être.
Alors que la RDC traverse une période cruciale de son histoire, la sagesse politique commanderait d’écouter ces voix qui, sans être toujours complaisantes, participent à la construction d’un État véritablement démocratique. Le chef de l’État joue ici son crédit moral et politique, dans un équilibre délicat entre sécurité nationale et libertés fondamentales.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
