Lors de la 9ème Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD9) à Yokohama, la Première ministre congolaise Judith Suminwa a rencontré le Haut-Commissaire adjoint du HCR Raouf Mazou pour aborder l’épineuse question du rapatriement des réfugiés entre la RDC et le Rwanda. Cet entretien intervient dans un contexte régional particulièrement sensible où la question des réfugiés demeure un enjeu sécuritaire majeur pour l’est de la République démocratique du Congo.
La cheffe du gouvernement a insisté sur la nécessité absolue d’un processus d’identification rigoureux supervisé par le HCR. « Nous devons éviter tout dérapage et garantir une identification claire des réfugiés appelés à regagner la RDC », a-t-elle déclaré, soulignant l’impératif de prévenir de nouvelles crises dans une région déjà fragilisée par des décennies de conflits. Cette position reflète les préoccupations sécuritaires légitimes de Kinshasa face à un processus qui pourrait, s’il était mal encadré, compromettre la stabilité laborieusement acquise.
La question des réfugiés congolais au Rwanda et des réfugiés rwandais en RDC représente un héritage complexe des conflits successifs qui ont secoué la région des Grands Lacs. Selon les estimations du HCR, plusieurs milliers de Congolais ont trouvé refuge au Rwanda au fil des années, fuyant l’instabilité chronique dans les provinces orientales de la RDC. Parallèlement, des réfugiés rwandais vivent en territoire congolais depuis de longues décennies, créant une situation humanitaire et politique délicate.
Mme Suminwa a également évoqué la situation des réfugiés congolais au Burundi, appelant le HCR à assurer leur encadrement jusqu’à leur retour au pays. Cette approche globale démontre la volonté du gouvernement congolais de traiter l’ensemble des dossiers des populations déplacées dans la région, dans le cadre d’une vision cohérente de stabilisation et de reconstruction.
De son côté, Raouf Mazou a salué les efforts de paix en cours qui ouvrent la voie au rapatriement volontaire et sécurisé des populations. « J’ai été honoré d’être reçu par Mme la Première ministre. Je lui ai rendu compte des discussions tenues le mois dernier, lors de la tripartite d’Addis-Abeba », a déclaré le responsable onusien. Cet accord tripartite, impliquant la RDC, le Rwanda et le HCR, vise précisément à faciliter le rapatriement volontaire des réfugiés dans des conditions de dignité et de sécurité.
Le HCR réaffirme ainsi son mandat fondamental : garantir que ces rapatriements se fassent de manière volontaire, dans le respect des droits fondamentaux des personnes concernées. Cette approche prudente et méthodique correspond aux standards internationaux en matière de protection des réfugiés, tout en tenant compte des impératifs sécuritaires des États concernés.
La crise humanitaire dans l’est de la RDC reste l’une des plus complexes au monde, avec des déplacements de populations massifs et prolongés. Le processus de rapatriement doit donc s’inscrire dans une stratégie plus large de consolidation de la paix et de développement régional. Comment assurer un retour durable sans risque de nouveaux cycles de violence ? La réponse à cette question cruciale dépendra largement de la rigueur apportée à l’identification et à l’accompagnement des populations rapatriées.
L’engagement de la Première ministre à la TICAD9 témoigne de la priorité accordée par son gouvernement à la résolution de cette question épineuse. Dans un contexte régional encore marqué par des tensions sous-jacentes, la mise en œuvre effective de l’accord tripartite d’Addis-Abeba représentera un test significatif pour la coopération entre la RDC et le Rwanda, sous l’égide des Nations unies.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: primature.grouv.cd