Dans un contexte de tensions persistantes à l’Est de la République démocratique du Congo, le Conseil National de Suivi de l’Accord et du processus électoral (CNSA) vient d’apporter son soutien officiel à la feuille de route proposée par les confessions religieuses. Cette position institutionnelle, exprimée dans un communiqué rendu public le lundi 25 août, marque un tournant significatif dans l’approche des solutions politiques aux crises congolaises.
Le CNSA, instance-clé du paysage politique congolais, considère ce dialogue national inclusif comme une nécessité impérieuse face à la résurgence des conflits armés dans l’Est du pays. La réapparition de l’AFC/M23, soutenue selon toutes les indications par le Rwanda, et l’activisme croissant d’autres groupes armés, créent une urgence qui dépasse les clivages politiques traditionnels. Comment ignorer que la stabilité de toute la région des Grands Lacs se joue actuellement dans les provinces orientales de la RDC ?
La feuille de route soutenue par le CNSA, élaborée sous l’égide de la CENCO et de l’ECC, propose une architecture de dialogue ambitieuse. Elle entend réunir autour d’une même table l’opposition politique, l’opposition armée, la majorité présidentielle et la société civile. Cette approche holistique vise à établir les bases d’un pacte social renouvelé, capable d’apporter une réponse structurelle aux défis de la paix et du bien-être collectif.
Dans son communiqué, le CNSA rappelle avec force que « le dialogue est une vertu et doit être permanent ». Cette assertion souligne une vérité souvent oubliée : la démocratie ne s’exerce pas par les armes mais par le débat d’idées. Le Conseil ne cache pas sa satisfaction face à la mobilisation des instances religieuses, reconnaissant leur légitimité morale et leur capacité à faciliter un rapprochement entre parties antagonistes.
Parmi les recommandations les plus significatives du CNSA figure la demande de sursis du procès contre Joseph Kabila. Cette position, déjà exprimée le 29 juillet dernier, s’appuie sur l’analyse d’un climat passionnel jugé défavorable à la rationalité et à la réflexion apaisée. Le Conseil estime que les conditions actuelles ne permettent pas un traitement serein de ce dossier hautement sensible, qui pourrait compromettre l’atmosphère nécessaire au succès du dialogue national.
Le CNSA appelle finalement le président Félix Tshisekedi, en sa qualité de garant de l’intégrité territoriale, à endosser pleinement sa responsabilité dans la consolidation de l’unité nationale. Cet appel souligne l’enjeu fondamental de leadership dans un processus qui conditionne l’avenir politique du pays et la stabilité régionale. La balle est désormais dans le camp du chef de l’État, qui devra trancher entre les impératifs de justice immédiate et les nécessités de la réconciliation nationale.
Ce positionnement du CNSA interroge sur la capacité des institutions congolaises à générer les consensus nécessaires face aux défis multidimensionnels que traverse le pays. La feuille de route des confessions religieuses représente-t-elle la dernière chance d’un dialogue salvateur ? La réponse à cette question déterminera pour une large part l’évolution de la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC et la crédibilité du processus de paix engagé.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd