L’opération de chloration de l’eau menée durant deux semaines à Kindu, dans la province du Maniema, a produit des résultats spectaculaires dans la lutte contre l’épidémie de choléra qui sévissait dans cette région de la République Démocratique du Congo. Les données sanitaires parlent d’elles-mêmes : une chute vertigineuse des cas hebdomadaires, passant de 70 à 130 cas à seulement 16 à 20 cas depuis le début de l’intervention.
Comment une simple mesure de chloration peut-elle faire autant de différence ? La réponse réside dans le mode de transmission du choléra, cette maladie diarrhéique aiguë provoquée par l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés par la bactérie Vibrio cholerae. La chloration de l’eau constitue l’une des méthodes les plus efficaces pour éliminer ces agents pathogènes et briser la chaîne de transmission.
Le Dr Saleh Djumaini Faraani, médecin chef de zone à Kindu, ne cache pas sa satisfaction : « Avant cette activité, les aires de santé nous rapportaient énormément de cas. Aujourd’hui, les données sont en nette baisse. » Cette amélioration significative démontre l’importance cruciale des mesures préventives dans la gestion des épidémies de choléra en RDC.
Mais pourquoi cette opération vitale a-t-elle été suspendue après seulement quatorze jours ? Les agents engagés pour la chloration affirment avoir respecté l’échéance initialement fixée. Amisi Sikuzani Suzanne précise : « Nous avons terminé comme prévu et transmis le rapport. Nous attendons la réponse des autorités. »
Cette interruption soulève d’importantes questions sur la durabilité des interventions de santé publique dans la région. Jules Ngandabalume, père de famille dans le quartier Basoko, exprime l’inquiétude générale : « Cette opération nous protégeait. Maintenant qu’elle est arrêtée, nous craignons une résurgence du choléra. »
Le risque de rebond épidémique est réel, d’autant que plusieurs sources d’eau restent non chlorées. Le choléra, maladie des mains sales et de l’eau contaminée, trouve dans ces conditions un terrain propice à sa propagation rapide. Les populations les plus vulnérables, notamment les enfants et les personnes âgées, paient le plus lourd tribut lors de ces flambées épidémiques.
Face à cette situation préoccupante, les autorités sanitaires promettent d’intervenir. Le Dr Djumaini Faraani s’engage à plaider auprès des partenaires, notamment l’UNICEF qui finance l’opération, pour une prolongation de l’activité de chloration. « Nous voulons discuter avec les autorités et les partenaires pour prolonger la chloration afin de continuer à protéger la population », affirme-t-il.
Cette initiative s’inscrit dans la continuité des efforts de l’UNICEF pour renforcer les systèmes d’eau, d’assainissement et d’hygiène en RDC. La chloration systématique des points d’eau, combinée à des campagnes de sensibilisation sur les mesures d’hygiène, constitue une stratégie éprouvée pour prévenir les maladies hydriques comme le choléra.
Quelles leçons pouvons-nous tirer de cette expérience à Kindu ? D’abord, que des interventions ciblées et bien coordonnées produisent des effets concrets et mesurables sur la santé des populations. Ensuite, que la pérennisation de ces actions reste un défi majeur pour les autorités sanitaires congolaises et leurs partenaires.
La situation à Kindu reflète les défis plus larges de la santé publique en RDC, où les épidémies de choléra récurrentes mettent en lumière les lacunes persistantes dans l’accès à l’eau potable et à l’assainissement. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, le choléra reste un problème de santé publique majeur dans plusieurs provinces congolaises, avec des flambées épidémiques qui surviennent régulièrement.
Que doivent faire les populations en attendant une éventuelle reprise de la chloration ? Les mesures d’hygiène de base restent essentielles : se laver régulièrement les mains avec du savon, surtout avant de manger et après être allé aux toilettes ; faire bouillir l’eau de consommation ou utiliser des méthodes de purification alternatives ; et consulter immédiatement un centre de santé en cas de diarrhée aqueuse abondante.
L’expérience de Kindu nous rappelle que la lutte contre le choléra nécessite une approche multisectorielle combinant interventions d’urgence et solutions durables. La chloration ponctuelle apporte une réponse immédiate, mais seul un investissement durable dans les infrastructures d’eau et d’assainissement pourra offrir une protection à long terme contre cette maladie évitable.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net