Dans les territoires oubliés du Nord-Kivu, des milliers de vies suspendues se débattent dans une précarité insoutenable. À Pinga, Kichanga, Bwiza, Mangurejipa et Oicha, le quotidien des déplacés internes ressemble à un interminable combat pour la survie. Comment ces familles, arrachées à leurs terres par les violences, parviennent-elles à conserver un semblant de dignité face à l’adversité ?
Le témoignage poignant d’Espérance, mère de quatre enfants rencontrée à Oicha, illustre cette réalité brutale : « Nous dormons sous des bâches trouées, la pluie transforme notre abri en boue. Mes enfants tombent malades mais les médicaments manquent. Chaque jour est une nouvelle bataille pour trouver de l’eau et de la nourriture ».
Les organisations humanitaires en RDC, confrontées à des contraintes financières paralysantes, luttent avec des moyens dérisoires. Le conseiller humanitaire provincial Aimé Noël Kaneno ne cache pas son impuissance : « Nos ressources ne couvrent même pas la moitié des besoins. Là où nous devrions fournir des vivres pour trente jours, nous devons nous contenter de quinze. Les abris dignes restent un luxe inaccessible ».
La crise humanitaire à Walikale révèle une disparité troublante dans les mécanismes d’assistance. Tandis que le grand Nord bénéficie d’un système de familles d’accueil, le sud du territoire doit se contenter de zones d’hébergement collectif surpeuplées, sans intimité ni sécurité. Cette inégalité de traitement questionne l’efficacité des politiques d’urgence face à l’ampleur des déplacés internes en RDC.
Les distributions irrégulières de vivres et de biens non alimentaires apportent un répit temporaire, mais ne suffisent pas à enrayer la spirale de la précarité. Les conditions de vie au Nord-Kivu, déjà précaires avant le déplacement, deviennent carrément insalubres dans ces sites improvisés. L’accès à l’eau potable, aux soins de santé et à l’éducation reste un défi quotidien.
Face à cette urgence silencieuse, les autorités provinciales tentent de coordonner une réponse humanitaire cohérente. Des missions ponctuelles, comme celle récemment menée à Oicha, permettent d’apporter médicaments et nourriture, mais ces actions ressemblent à des gouttes d’eau dans un océan de besoins. La construction d’abris durables et l’amélioration des conditions sanitaires restent les priorités incontournables.
La situation des déplacés internes en RDC interpelle autant sur l’urgence immédiate que sur les solutions durables. Combien de temps ces populations pourront-elles survivre dans une telle précarité ? Jusqu’où peut s’étirer la résilience humaine face à l’absence de perspectives ? La crise de Walikale symbolise ces défis humanitaires complexes qui nécessitent une mobilisation internationale accrue et une coordination renforcée entre tous les acteurs.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net