Le rapatriement de 533 réfugiés rwandais ce lundi 25 août depuis la frontière congolaise de Rubavu relance le débat sur la nature volontaire de ces retours. Cet événement s’inscrit dans un processus plus large qui a déjà vu plus de 4 000 personnes regagner le Rwanda depuis le début de l’année 2025, selon les chiffres officiels du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.
Ce mouvement migratoire fait suite à la réunion tripartite tenue fin juillet à Addis-Abeba entre la RDC, le Rwanda et le HCR, où les principes du rapatriement volontaire ont été réaffirmés. Mais dans les faits, la situation sur le terrain semble bien plus complexe que les déclarations officielles ne le laissent paraître.
Eijun Byun, chargée de communication du HCR basée à Genève, insiste sur le caractère librement consenti de ces retours : « Le rapatriement ne peut être durable que s’il est librement consenti et accompagné de garanties de sécurité ». Des propos qui contrastent avec les témoignages recueillis auprès de sources locales à Goma.
En effet, plusieurs observateurs de la région pointent du doigt le rôle trouble joué par la rébellion du M23. Selon ces sources, le groupe armé qui contrôle une partie du territoire interpellerait régulièrement des sujets hutus rwandais lors d’opérations de bouclage, leur interdisant ensuite de regagner leurs foyers congolais. Une situation qui ne leur laisserait d’autre alternative que le retour forcé vers le Rwanda.
Cette divergence de points de vue soulève des questions cruciales sur la réalité du rapatriement volontaire. Comment concilier les principes humanitaires avec les réalités sécuritaires complexes de la région des Grands Lacs ? Les garanties de sécurité promises sont-elles véritablement applicables dans un contexte où les groupes armés continuent d’exercer leur influence ?
Le communiqué final signé à Addis-Abeba en juillet dernier insistait pourtant sur la nécessité d’assurer la durabilité des opérations de rapatriement. Mais sur le terrain, la frontière entre choix libre et contrainte semble parfois bien ténue. Les populations civiles se retrouvent prises en étau entre les impératifs politiques et les réalités sécuritaires.
Au-delà des chiffres et des déclarations officielles, c’est la crédibilité même du processus de rapatriement qui est en jeu. La communauté internationale suivra avec attention l’évolution de cette situation, alors que les tensions frontalières entre la RDC et le Rwanda restent vives. La question des réfugiés rwandais en RDC demeure un dossier sensible, hérité des conflits passés mais aux implications bien actuelles.
Alors que le HCR affirme avoir rapatrié 4 245 Rwandais depuis janvier 2025, les conditions réelles de ces retours méritent une vigilance accrue. La frontière de Rubavu, théâtre de ces mouvements de population, symbolise les défis humanitaires et sécuritaires auxquels fait face la région. Entre volontariat affiché et pressions réelles, la vérité se situe probablement dans un entre-deux que seuls des mécanismes de monitoring indépendants pourraient véritablement éclaircir.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net