Dans l’effervescence politique de Kinshasa, où les dossiers urgents s’accumulent sur les bureaux gouvernementaux, un rendez-vous singulier a capté l’attention des observateurs avertis. Judith Suminwa Tuluka, Première Ministre au calendrier surchargé, a accordé une audience particulière à l’une des voix les plus mélodieuses de la scène culturelle congolaise : Pascal Lokua Kanza. Loin des protocoles rigides, cette rencontre vibrait d’une énergie créative rare sous les lambris du pouvoir.
L’artiste aux multiples talents – chanteur, multi-instrumentiste, parolier et producteur – est venu porteur d’un projet qui dépasse la simple ambition personnelle. À l’heure où tant de talents congolais s’exilent pour trouver reconnaissance, Lokua Kanza choisit au contraire d’enraciner son héritage dans le terreau fertile de sa terre natale. Son rêve ? Ériger une académie de musique où se transmettraient non seulement les techniques artistiques, mais aussi l’âme vibrante de la création congolaise.
« Aujourd’hui, je suis à l’âge de la transmission », confie l’artiste, dont la voix porte encore les échos des scènes internationales. Cette déclaration simple mais profonde résume toute la philosophie d’une démarche qui place la jeunesse congolaise au centre de son dispositif. Comment former la relève artistique sans infrastructure dédiée ? Comment envisager l’avenir culturel du pays sans investir dans sa jeunesse ?
La réponse du gouvernement semble s’annoncer sous les meilleurs auspices. Le quatrième pilier du Programme d’actions de Judith Suminwa place effectivement la culture au rang des priorités nationales. Valoriser l’immense patrimoine culturel congolais, promouvoir le soft power local et transmettre une image positive du pays : autant d’objectifs qui trouvent dans le projet de Lokua Kanza un écho particulièrement harmonieux.
L’artiste est sorti « très heureux » de cette entrevue, selon ses propres termes. Son optimism se nourrit de l’écoute attentive de la Première Ministre et des échanges constructifs qui ont ponctué leur rencontre. Dans quelques jours, les modalités concrètes de cet accompagnement gouvernemental devraient se préciser, ouvrant la voie à une collaboration inédite entre le monde politique et la sphère artistique.
Cette initiative s’inscrit dans une vision plus large de développement culturel de la RDC. Alors que le pays cherche à affirmer sa présence sur la scène internationale, la formation des jeunes artistes apparaît comme un investissement stratégique. Une académie de musique digne de ce nom pourrait devenir le creuset où se forgeront les talents de demain, ceux qui porteront haut les couleurs de la création congolaise.
Au-delà de la technique musicale, c’est toute une philosophie de transmission que Lokua Kanza entend mettre en œuvre. Transmettre le « peu que Dieu m’a donné », comme il le dit avec humilité, mais aussi cette passion qui anime les grands créateurs. Transmettre l’amour d’un « pays magnifique » qui mérite que ses enfants œuvrent pour le faire avancer.
Dans un contexte où la culture est souvent reléguée au second plan face aux urgences économiques et sociales, cette rencontre symbolise une reconnaissance salutaire. Elle témoigne d’une prise de conscience : la richesse culturelle congolaise constitue non seulement un patrimoine à préserver, mais aussi une ressource à valoriser pour le développement du pays.
L’académie de musique envisagée pourrait ainsi devenir bien plus qu’une simple école. Elle représenterait un lieu de convergence où la tradition rencontre l’innovation, où le savoir-faire ancestral dialogue avec les techniques contemporaines. Un laboratoire vivant où s’invente la musique congolaise de demain, fière de ses racines et ouverte sur le monde.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: primature.grouv.cd