Dans la commune rurale de Walikale, au cœur du Nord-Kivu, une révolution silencieuse prend forme. Chaque samedi matin, le bruit des pioches et des bêches remplace le silence habituel du quartier Camp TP. Ici, des centaines de jeunes Walikale ont décidé de prendre en main leur destinée, transformant leur frustration en action concrète.
« Nous en avions marre de voir nos mamans porter des charges lourdes sur des sentiers impraticables », confie un jeune participant, les mains calleuses mais le regard déterminé. Comment rester les bras croisés quand le développement tarde à venir ? Cette question, tous se la sont posée avant de passer à l’action.
Leur projet : l’ouverture systématique des rues pour désenclaver les quartiers et permettre enfin la circulation des véhicules. Une initiative née d’une simple séance d’échange entre jeunes, mais qui mobilise désormais toute une communauté. Chaque vendredi, les responsables de quartier font du porte-à-porte pour rappeler le rendez-vous du samedi. Et chaque samedi, ce sont des dizaines de jeunes qui répondent présents, outils rudimentaires à la main.
Les résultats sont déjà visibles : les quartiers Camp TP, Kigoma et Kangambili sont désormais reliés par des voies praticables. « Avant, on mettait 45 minutes pour rejoindre le centre depuis Kangambili. Aujourd’hui, c’est 15 minutes à moto », se réjouit une habitante. Mais le véritable défi commence maintenant.
Comment franchir les ravins qui séparent les avenues ? La construction de petits ponts représente l’obstacle majeur à ce développement local Nord-Kivu. Les jeunes, malgré leur volonté inébranlable, manquent cruellement de moyens financiers. « Nous avons la force de travail, mais pas les ressources pour acheter le ciment et les fers », explique le coordonnateur du mouvement.
Cet élan de solidarité juvénile interpelle. Alors que l’État semble absent, la jeunesse de Walikale montre l’exemple en matière de travaux communautaires RDC. Mais jusqu’à quand pourront-ils continuer sans soutien institutionnel ? Leur appel aux autorités locales, particulièrement au bourgmestre de la commune, reste pour l’heure sans réponse.
Prochaine étape : le quartier Nyabangi, où les mêmes travaux doivent commencer prochainement. Cette initiative jeunesse Congo dépasse le simple cadre du bénévolat. Elle représente l’espoir d’une génération qui refuse la fatalité et prend ses responsabilités face au manque d’infrastructures de base.
À Walikale comme ailleurs en RDC, la jeunesse montre qu’elle peut être actrice de son développement. Mais sans appui des institutions, ces efforts risquent de rester incomplets. Le désenclavement des quartiers passe aussi par un partenariat réel entre population et autorités. Une leçon que Walikale offre à toute la nation.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd
