Les principales confessions religieuses de la République Démocratique du Congo viennent de dévoiler une feuille de route ambitieuse pour un dialogue national et inclusif, dans un contexte où la persistance des conflits armés à l’Est du pays continue de défier toutes les tentatives de résolution. Cette initiative, portée par la CENCO, l’ECC et d’autres structures interconfessionnelles, représente-t-elle enfin la clé pour déverrouiller l’impasse politique et sécuritaire qui mine la nation depuis des décennies ?
Articulée en quatre étapes distinctes, cette feuille de route constitue la colonne vertébrale du Processus national et inclusif de Paix. Le « Mois de la Paix » ouvrira le bal avec un culte œcuménique national simultané sur l’ensemble du territoire, y compris dans les zones sous contrôle de l’AFC/M23. Cette approche spirituelle vise à créer un environnement de confiance mutuelle et de décrispation politique, condition sine qua non pour toute discussion sérieuse. Les activités de plaidoyer parallèles cibleront les parties prenantes internes et externes, avec pour objectif déclaré de faciliter un cessez-le-feu effectif et l’harmonisation des préalables au dialogue.
La deuxième phase, qualifiée de « Dialogue des Experts », ambitionne de revaloriser les intelligences congolaises en mobilisant universitaires, chercheurs et techniciens nationaux et de la diaspora. Huit thématiques cruciales ont été identifiées, allant de la défense nationale à la gestion des ressources naturelles, en passant par les questions identitaires et la coopération régionale. Cette approche technique se veut le fondement rationnel du futur Pacte Social pour la Paix.
Le point d’orgue du processus résidera dans le Dialogue Politique proprement dit, qui réunira l’ensemble des composantes de la nation : majorité au pouvoir, opposition armée et non armée, société civile, autorités traditionnelles et diaspora. Le défi consistera à parvenir à un compromis politique patriotique respectueux de la Constitution, sans contenu préétabli. Un mécanisme de quotas équitables devra garantir la représentativité de toutes les sensibilités.
Enfin, la quatrième étape prévoit la tenue d’une Conférence internationale sur la paix dans les Grands Lacs, sous le leadership du Président de la République. Un Secrétariat Technique sera mis en place pour élaborer les dossiers nécessaires à ce plaidoyer international, qui inclura également une conférence sur le financement post-conflit de la reconstruction de la RDC.
Cette initiative interconfessionnelle arrive à un moment critique où les solutions purement politiques ont montré leurs limites. La feuille de route propose une approche holistique combinant spiritualité, expertise technique et négociation politique. Reste à savoir si les acteurs politiques nationaux et régionaux sauront dépasser leurs intérêts immédiats pour embrasser cette vision ambitieuse de pacification. Le processus de paix dans les Grands Lacs nécessitera plus que de bonnes intentions : il exigera un engagement concret et vérifiable de toutes les parties, notamment des pays voisins accusés de soutenir les groupes armés. La communauté internationale, souvent critiquée pour son attentisme, devra également apporter son soutien sans équivoque à cette initiative congolaise endogène.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd