Alors que la rentrée scolaire 2024 en République Démocratique du Congo approche à grands pas, le principe de gratuité de l’enseignement de base, pierre angulaire de la politique éducative gouvernementale, semble vaciller dans certains établissements publics de Kinshasa. Comment expliquer que des parents se voient encore contraints de débourser des sommes astronomiques pour garantir l’éducation de leurs enfants ?
Sur le terrain, la réalité contraste amèrement avec les discours officiels. Des témoignages recueillis auprès de parents kinois révèlent des pratiques pour le moins surprenantes : acomptes obligatoires, frais déguisés en fournitures scolaires, conditions préalables au retour en classe. Un père de famille, visiblement désemparé, confie avoir dû payer pas moins de 300 dollars américains par enfant, incluant uniforme, chaussures et matériel divers. “Sans ce paiement, point de rentrée pour nos enfants”, déplore-t-il, soulignant l’incongruité de la situation dans un contexte de vie chère.
Cette situation interpelle quant à l’effectivité réelle de la gratuité scolaire en RDC. Les établissements concernés semblent avoir développé des stratagèmes ingénieux pour contourner les directives gouvernementales, transformant le droit à l’éducation en privilège monnayable. Certains responsables d’écoles seraient-ils plus préoccupés par leur enrichissement personnel que par l’avenir des générations futures ?
Face à ces dérives, la Synergie des syndicats des enseignants de la RDC monte au créneau. Son secrétaire général, Jean-Bosco Puna, appelle à une uniformisation urgente des primes enseignantes et au renforcement des mécanismes de contrôle. “La gratuité ne doit pas rester un vain mot”, insiste-t-il, tout en soutenant une rentrée fixée au 1er septembre prochain.
Mais le temps presse. L’ultimatum de trois mois lancé aux autorités congolaises témoigne de l’urgence de la situation. Restera-t-il suffisant pour corriger ces dysfonctionnements et garantir une véritable éducation gratuite pour tous ? Les acomptes scolaires abusifs continuent de creuser les inégalités, risquant d’exclure de nombreux enfants du système éducatif.
La question fondamentale demeure : comment concilier les impératifs budgétaires des établissements avec le principe constitutionnel de gratuité ? Les solutions existent sans doute, mais requièrent une volonté politique ferme et un contrôle rigoureux. L’avenir de millions d’élèves congolais en dépend directement.
Alors que le pays s’apprête à entamer une nouvelle année scolaire, tous les regards se tournent vers les autorités compétentes. Parviendront-elles à mettre fin à ces pratiques illégales et à garantir une éducation véritablement accessible à tous ? La crédibilité du système éducatif congolais tout entier est en jeu.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: radiookapi.net