Une nuit de samedi à dimanche qui tourne au cauchemar absolu. À Kalemie, dans le quartier Lukuga, les flammes ont englouti huit vies d’une même famille, réduisant en cendres des rêves, des rires et des existences entières. Comment une telle tragédie a-t-elle pu frapper si brutalement cette communauté du Tanganyika ?
Parmi les dix personnes présentes dans la maison ce soir-là, seules deux ont miraculeusement survécu : le père de famille et sa plus jeune fille. Les autres – la mère, les enfants et un beau-frère – n’ont pas eu cette chance. Leurs corps calcinés ont été transportés à la morgue dans un état qui rendait toute conservation impossible, forçant une inhumation rapide dès le dimanche après-midi.
« Nous avons tout perdu en une seule nuit », pourrait témoigner un voisin sous le choc. L’émotion est palpable dans tout le quartier Lukuga, où chacun se demande comment un tel drame a pu survenir. L’origine de l’incendie reste mystérieuse, ajoutant à l’angoisse collective face à l’insécurité qui rôde.
Face à l’urgence, l’ASBL Umoja Ni Nguvu s’est mobilisée pour acheter quatre cercueils et organiser des funérailles dignes. Mais où étaient les autorités provinciales pendant ce temps ? Le coordinateur Nathan Mugisho déplore amèrement leur absence : « Malgré plusieurs tentatives de contact pour solliciter leur appui, nous n’avons reçu aucun soutien ».
Cette tragédie met en lumière une réalité cruelle : l’abandon des populations dans les moments les plus critiques. Comment expliquer que les services de l’État brillent par leur absence quand des vies s’éteignent dans d’aussi horribles conditions ? La question de la prévention des incendies et de la réponse aux urgences se pose avec acuité dans une province où les risques sont multiples.
Au-delà du drame familial, c’est toute la communauté de Kalemie qui se retrouve endeuillée et interrogative. Les obsèques expédiées rappellent cruellement la précarité des conditions de vie et la difficulté à faire face dignement à la mort. Quand l’État faillit à sa mission de protection, ce sont les solidarités locales et associatives qui prennent le relais – mais jusqu’à quand ?
Cette incendie meurtrière à Kalemie doit servir d’électrochoc. Il est temps que les autorités provinciales du Tanganyika prennent leurs responsabilités en matière de sécurité des populations et de réponse aux urgences. La mémoire des huit victimes exige plus que des condoléances : elle exige des actions concrètes pour éviter que d’autres familles ne connaissent le même sort funeste.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net