Les déplacés de Lodda, en territoire de Djugu, lancent un cri d’alarme face à la recrudescence des attaques meurtrières perpétrées par le groupe armé CODECO. Jeudi 21 août, leurs représentants ont imploré la MONUSCO d’établir une base permanente à proximité immédiate de leur site. Une demande urgente formulée lors de la visite du général Ulisses de Mesquita Gomes, commandant de la Force de la mission onusienne en Ituri.
Plus de 6 000 civils survivent dans une précarité extrême à Lodda, totalement exposés à la violence des miliciens. Safari Malo, président du comité des déplacés, a décrit avec gravité le vide sécuritaire qui les entoure. Les forces régulières, qu’il s’agisse des FARDC ou de l’armée ougandaise, sont cantonnées à Fataki, trop éloignées pour intervenir rapidement.
« Imaginez les dégâts possibles en peu de temps », a-t-il souligné, la voix chargée d’émotion. Son plaidoyer est simple et direct : une présence militaire internationale sur place pourrait dissuader les assaillants et sauver des vies. La requête met en lumière l’extrême vulnérabilité de ces populations abandonnées à leur sort.
Le général Ulisses de Mesquita a accueilli ces préoccupations avec une franchise teintée de réalisme. Tout en réaffirmant la volonté de la MONUSCO de protéger les civils, il a rappelé les limitations opérationnelles auxquelles fait face la mission. Les effectifs et les ressources disponibles ne permettent pas une couverture sécuritaire totale de l’immense territoire du conflit Ituri RDC.
« Nos moyens sont limités pour protéger chacun partout », a-t-il concédé, privilégiant une stratégie de patrouilles mobiles pour montrer une présence dissuasive. Cette réponse, bien que pragmatique, semble insuffisante aux yeux des déplacés qui vivent dans la terreur constante d’une nouvelle attaque.
La menace est tangible et récurrente. Dans la nuit du 13 au 14 juillet dernier, le site de Tchë, pourtant proche, a été violemment pris pour cible par des hommes armés identifiés comme membres de la CODECO. Le bilan fut sanglant : quatre civils tués, plusieurs blessés. Un scénario que les habitants de Lodda redoutent de voir se reproduire à tout moment.
Cette situation critique interroge sur l’efficacité des mécanismes de protection civile dans une région en proie à une violence endémique. La MONUSCO peut-elle faire plus ? Les forces nationales sont-elles en mesure de reprendre le contrôle de ces zones ? La communauté internationale mesure-t-elle l’ampleur de la tragédie humaine qui se joue dans l’indifférence relative ?
En attendant des réponses concrètes, les déplacés de Lodda continuent de vivre au rythme des peurs et des rumours. Chaque nuit apporte son lot d’angoisse, chaque ombre pouvant cacher une menace. La demande d’une base militaire onusienne n’est pas qu’une requête logistique ; c’est une supplication pour la survie.
Le conflit Ituri RDC continue de générer des drames humains à grande échelle, et la protection des civils reste le parent pauvre des stratégies sécuritaires. Alors que les discussions se poursuivent et que les patrouilles sillonnent la région, une question demeure : combien de vies faudra-t-il encore perdre pour que une solution durable émerge ?
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net