Dans les rues de Kinshasa, ils étaient des ombres parmi les ombres. Trente-cinq enfants arrachés à l’innocence, condamnés à survivre dans l’indifférence générale. Mais ce jeudi 21 août, une lueur d’espoir a percé le ciel de la capitale congolaise. Après vingt-trois jours d’un accompagnement intensif, ces âmes perdues ont retrouvé le chemin de leur foyer.
« Je n’arrive pas à croire que je vais enfin dormir dans un vrai lit », confie l’un d’eux, les yeux brillants de larmes contenues. Comment expliquer cette métamorphose ? Par le travail acharné de l’association Karibu, qui depuis 2003 œuvre inlassablement pour la réunification familiale RDC. Leur méthode ? Bien plus qu’un simple hébergement temporaire.
« Notre approche est holistique », explique Léonard Matamba, président de l’organisation. « Nous travaillons sur la reconstruction psychologique, la médiation familiale et la remise à niveau scolaire. Car sortir un enfant de la rue ne suffit pas. Il faut lui redonner confiance en l’avenir. »
La cérémonie de clôture fut chargée d’émotion. Chaque enfant a reçu des fournitures scolaires : cahiers, stylos, tissus pour uniforms. Symboles tangibles d’une réinsertion qui dépasse le simple geste humanitaire. Ces objets représentent un pont vers une vie normale, une scolarité retrouvée, une dignité reconquise.
Mais le plus poignant fut sans doute les témoignages des anciens bénéficiaires. Certains, aujourd’hui diplômés, employés dans des entreprises locales, sont venus partager leur parcours. Preuve vivante que le programme social Kinshasa porté par Karibu fonctionne. « Ils m’ont appris à me battre », raconte l’un d’eux. « Aujourd’hui, je suis comptable dans une PME. Sans eux, je serais peut-être encore dans la rue. »
Depuis sa création, l’association a permis la réunification de plus de 1 600 enfants rue Kinshasa. Un chiffre impressionnant, mais qui ne doit pas masquer l’ampleur du défi. Car derrière chaque enfant se cache une histoire de rejet, de précarité extrême, de familles démunies face aux aléas de la vie.
« Nous agissons aussi sur les causes profondes », précise M. Matamba. « Beaucoup de familles vivent dans une telle détresse économique qu’elles ne peuvent assumer leurs enfants. » Formation professionnelle, kits alimentaires, microcrédits : Karibu s’attaque au mal à la racine. Une vision à long terme essentielle pour une réinsertion enfants RDC durable.
Reste une question cruciale : comment généraliser ces initiatives ? Le travail de Karibu est admirable, mais face aux milliers d’enfants encore dans la rue, l’effort doit être collectif. Les autorités congolaises prendront-elles le relais ? La société civile se mobilisera-t-elle massivement ?
Ce jeudi 21 août, trente-cinq vies ont été transformées. Trente-cinq preuves que l’espoir est possible. Mais des milliers d’autres attendent encore leur tour. Le combat de l’association Karibu continue, rappelant à tous que derrière les statistiques se cachent des destins brisés qui méritent une seconde chance.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net