À moins de quinze jours de la rentrée des classes, une ombre plane sur l’année scolaire 2024-2025 dans la province éducationnelle Maï-Ndombe 3. Les enseignants, réunis en assemblée générale jeudi à Nioki, viennent de lancer un préavis de grève qui pourrait perturber sérieusement le démarrage des activités pédagogiques. Cette décision radicale intervient après l’échec répété des négociations avec les autorités compétentes.
Mais que réclament exactement ces éducateurs menacés de suspendre leur service ? La liste des revendications est longue et témoigne d’une profonde frustration accumulée au fil des années. Au cœur des exigences : la délocalisation du paiement des salaires de la Caritas vers une autre institution financière jugée plus fiable. Les enseignants dénoncent des retards chroniques dans le versement de leurs émoluments, une situation qui met en péril leur sécurité financière et celle de leurs familles.
La mise en application intégrale de l’accord de Bibwa signé en avril 2024 figure également parmi les conditions non-négociables. Cet engagement gouvernemental prévoyait notamment la mécanisation et la budgétisation de tous les enseignants non payés et des nouvelles unités. Pourquoi ces promesses restent-elles lettre morte alors que la crise de l’éducation s’aggrave de jour en jour ?
L’augmentation des salaires constitue un autre point crucial du mouvement social. Les enseignants de Maï-Ndombe 1, solidaires de leurs collègues, réclament carrément un salaire plancher de 500 dollars américains. Une demande qui peut sembler ambitieuse mais qui s’inscrit dans un contexte d’inflation galopante et de dépréciation continue de la monnaie nationale.
L’implantation d’une mutuelle de santé fonctionnelle dans la province éducationnelle Maï-Ndombe 3 et la mise à la retraite honorable des enseignants éligibles complètent ce cahier de charges exigeant mais légitime. Comment expliquer que ceux qui forment les futures générations doivent se battre pour des droits aussi fondamentaux ?
Cette crise n’est malheureusement pas isolée. Elle s’inscrit dans une longue série de tensions entre le gouvernement provincial et le corps enseignant, marquée par des promesses non tenues et des réformes inabouties. Les conséquences potentielles d’une grève prolongée seraient désastreuses pour des milliers d’élèves déjà éprouvés par des années scolaires chaotiques.
La balle est désormais dans le camp des autorités compétentes. Une médiation rapide et constructive s’impose pour éviter le pire. Le temps presse et l’avenir éducatif de toute une province est en jeu. La rentrée scolaire 2024 en RDC pourrait bien devenir le théâtre d’une confrontation dont personne ne sortirait gagnant, surtout pas les élèves.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Actualite.cd