La forêt équatoriale respire enfin à travers ses communautés. Mbandaka vit cette semaine une révolution silencieuse où les gardiens ancestraux de la forêt deviennent officiellement ses gestionnaires légitimes. Le gouverneur Bobo Boloko Bolumbu a lancé la Semaine de la foresterie communautaire, une initiative qui transforme radicalement la relation entre l’homme et la nature dans cette province cruciale pour l’équilibre écologique du bassin du Congo.
Derrière cette célébration se cache une réalité numérique impressionnante : 92 concessions forestières déjà octroyées aux communautés locales dans les territoires d’Ingende et de Lukolela. Ces espaces, jadis soumis à une exploitation souvent anarchique, deviennent aujourd’hui des laboratoires de gestion durable forêts où s’expérimente un nouveau modèle de coexistence entre développement économique et préservation environnementale.
La table ronde multi-acteurs constitue le cœur battant de cet événement. Experts forestiers, représentants communautaires, ONG environnementales et autorités locales débattent du cadre légal d’attribution des concessions forestières. Cet espace de dialogue unique permet de partager les réussites et les défis d’une foresterie communautaire encore naissante mais prometteuse.
Sur le terrain, la foire agroforestière expose une réalité tangible : produits agricoles transformés, essences forestières valorisées, savoir-faire locaux mis en lumière. Les communautés de Mbandaka démontrent ici que la protection de la forêt peut rimer avec création de richesses locales. Une démonstration concrète que l’économie verte RDC n’est pas une utopie mais une réalité en construction.
Cette initiative provinciale s’inscrit dans une vision plus large : faire de la forêt un pilier du développement durable plutôt qu’une simple ressource à exploiter. Le gouverneur Bolumbo l’affirme avec conviction : soutenir les communautés locales, c’est investir dans la préservation du deuxième poumon vert de la planète.
Mais derrière l’enthousiasme officiel se posent des questions cruciales. Comment garantir que ces concessions bénéficient réellement aux populations locales ? Quels mécanismes de contrôle mettre en place pour éviter les dérives ? La semaine de la foresterie communautaire doit aussi être l’occasion d’aborder ces défis avec lucidité.
L’enjeu dépasse largement les frontières de l’Équateur. La réussite de ce modèle pourrait inspirer toute la sous-région, démontrant que la protection des écosystèmes forestiers et le développement économique peuvent avancer main dans la main. Une lueur d’espoir dans un contexte où la déforestation continue de menacer l’équilibre climatique régional.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net