À Kinshasa, une question simple mais brutale a suffi à déclencher une révolution silencieuse. « Qui dirigera le Congo demain ? » C’est en partant de cette interrogation que Rosie Tshiyoyo, une jeune Congolaise déterminée, a décidé de prendre son destin – et celui de sa génération – en main. Face au constat accablant d’une jeunesse souvent désœuvrée, désengagée, tentée par l’exil ou minée par le découragement, elle a fondé l’association Mia du Congo. Son credo ? L’éducation, le patriotisme et la formation professionnelle comme leviers indispensables pour reconstruire le pays.
« Beaucoup de jeunes ne se sentent pas responsables, manquent de patriotisme et se laissent détourner par la pauvreté ou la dépravation des mœurs », confie-t-elle, le regard aussi ferme que la conviction dans sa voix. Comment en est-on arrivé là ? Comment faire pour que la relève soit à la hauteur des immenses défis qui attendent la République Démocratique du Congo ?
Pendant près de deux ans, Rosie a tenu bon, seule ou presque, face au scepticisme ambiant. « Convaincre les jeunes de réfléchir différemment était le plus grand défi », admet-elle. Beaucoup lui rétorquaient : « Mais qu’est-ce que le pays a fait pour nous ? » Une question légitime, dans un contexte où les opportunités manquent et où les espoirs s’émoussent. Pourtant, Rosie n’a jamais cédé. Son arme ? La résilience. Son mantra : « Si nous n’agissons pas, qui le fera à notre place ? »
Aujourd’hui, Mia du Congo fédère, inspire et commence à faire des émules. L’association mise sur des projets concrets, au premier rang desquels « Tomi tala » – « Regardons-nous » en lingala. Cette initiative ambitieuse vise ni plus ni moins qu’à repenser l’éducation congolaise pour la rapprocher des réalités économiques et des richesses du territoire. L’idée est simple : former une jeunesse capable de transformer localement les matières premières, plutôt que de les exporter brutes pour les racheter ensuite manufacturées.
Mais au-delà des compétences techniques, Rosie insiste sur le sentiment d’appartenance. Sans patriotisme, sans conscience collective, point de salut. Elle en appelle particulièrement aux jeunes femmes, souvent doublement marginalisées, pour qu’elles prennent toute leur place dans ce mouvement. « La jeunesse, c’est l’avenir, et les femmes en font partie intégrante », martèle-t-elle. Son propre parcours sert aujourd’hui d’exemple : il est possible de porter une vision, de rassembler et de construire, malgré les obstacles.
Alors, l’éducation et la jeunesse en RDC sont-elles condamnées à stagner ? Le travail de Rosie Tshiyoyo et de Mia du Congo prouve le contraire. À travers des formations, des sensibilisations et un plaidoyer infatigable, l’association sème des graines d’espoir et de responsabilité. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : réveiller une génération, lui redonner confiance et lui fournir les outils pour qu’elle devienne actrice de son avenir.
L’enjeu est de taille. Dans un pays aussi vaste et riche que la RDC, l’inaction n’est plus une option. Les défis – économiques, sociaux, environnementaux – nécessitent une jeunesse formée, soudée et animée par un véritable engagement citoyen. Rosie Tshiyoyo l’a compris avant beaucoup : le changement ne viendra pas d’en haut, mais de la base, de ces milliers de jeunes qui, un jour, choisiront de regarder le Congo autrement. Et de se mettre au travail.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd