La communauté congolaise de la diaspora est en deuil ce mercredi. Youyou Muntu-Mosi, figure emblématique de la résistance démocratique, s’est éteinte à Paris à l’âge de 51 ans après un long combat contre la maladie. Juriste de formation et cadre commerciale dans l’agroalimentaire, cette femme au caractère bien trempé avait fait de la défense de son pays une raison de vivre.
Qui étaient les Patriotes résistants congolais sans sa voix tranchante et ses analyses incisives ? Porte-parole du collectif RD Congo en France, elle s’était imposée comme l’une des militantes les plus visibles de la diaspora, multipliant les manifestations devant les institutions internationales et les interventions médiatiques pour dénoncer les régimes de Joseph Kabila et Paul Kagame.
« La diaspora joue déjà un grand rôle économique mais étant à l’extérieur, nous avons aussi un rôle de gardien du temple », aimait-elle répéter. Cette phrase résumait à elle seule tout son engagement : une vigilance constante, une exigence de vérité, et un amour viscéral pour un Congo qu’elle voulait libre et démocratique.
L’annonce de son décès a provoqué une onde de choc dans la communauté activiste. Karine Ndjoko, professeure et militante, salue une femme « restée droite et ferme dans ses convictions jusqu’au bout ». Le député Michel Moto (UNC) rend hommage à « une femme de caractère qui a tout sacrifié pour le changement en RDC ».
Sur les réseaux sociaux, l’émotion est palpable. La campagne Génocost évoque « une voix puissante, un engagement inlassable et un courage dans la lutte pour la justice ». L’ancien député Claudel André Lubaya se souvient d’une « personnalité entière, sincère et passionnée du Congo ».
Mais peut-on vraiment mesurer l’impact d’une telle militante sur toute une génération d’activistes ? Maud-Salomé Ekila, porte-parole d’Urgences Panafricanistes, assure que « notre grande Nation sait à quel point tu as donné pour voir notre libération ». Un hommage poignant qui résume le sentiment général : Youyou Muntu-Mosi appartenait déjà à l’Histoire.
Bienvenu Matumo, de la LUCHA, insiste sur « un engagement sincère, inébranlable et courageux pour la cause du Congo ». Selon lui, la disparue « a marqué sa génération » et « inspiré la lutte de nombreux militants ». Des mots qui résonnent particulièrement dans le contexte actuel de tensions politiques persistantes en RDC.
Derrière l’activiste se cachait aussi une femme confrontée à l’adversité médicale. Dès 2021, elle luttait contre un cancer qui nécessitait de longs séjours hospitaliers. Mais même affaiblie, elle n’avait jamais renoncé à son combat, continuant à s’exprimer sur les réseaux sociaux et à coordonner des actions depuis sa chambre d’hôpital.
Quel héritage laisse-t-elle à la jeunesse congolaise ? Une certitude : l’engagement ne meurt jamais. Youyou Muntu-Mosi restera dans les mémoires comme celle qui aura prouvé que la résistance peut s’organiser depuis l’étranger, que la diaspora a un rôle crucial à jouer dans la défense de la démocratie au pays.
Alors que le Congo traverse une période cruciale de son histoire, la disparition de cette voix libre et indépendante laisse un vide certain. Mais son exemple continuera d’inspirer tous ceux qui croient en un Congo démocratique et souverain. Comme le disait si bien l’intéressée : « Être gardien du temple n’est pas un choix, c’est une responsabilité ».
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd