La situation sanitaire à Matadi, dans la province du Kongo-Central, devient chaque jour plus alarmante. Une recrudescence de cas de choléra a été enregistrée ces derniers jours, avec 14 nouvelles contaminations confirmées entre le 12 et le 19 août 2025. Cette progression inquiétante de l’épidémie met en lumière les défis auxquels fait face le système de santé local, déjà fragilisé par des années de sous-investissement.
Le docteur Christian Kuzoma, médecin chef de la zone de santé de Matadi, tire la sonnette d’alarme. “Nous faisons face à une rupture critique de stock de sérums et de médicaments essentiels”, confie-t-il, la voix empreinte d’inquiétude. Cette pénurie complique considérablement la prise en charge des patients, augmentant les risques de complications et de décès. Mais qu’est-ce que le choléra exactement, et pourquoi cette maladie représente-t-elle un tel danger pour les populations vulnérables ?
Le choléra est une infection diarrhéique aiguë provoquée par l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés par la bactérie Vibrio cholerae. En l’absence de traitement, cette maladie peut tuer en quelques heures à peine, notamment à cause de la déshydratation sévère qu’elle provoque. Les sérums de réhydratation et les perfusions intraveineuses constituent le traitement de première ligne, vital pour sauver les malades. Comment alors expliquer que des ruptures de stock puissent encore survenir en pleine épidémie ?
Parmi les cas récemment détectés, une tragédie particulière a marqué les équipes médicales. Une femme enceinte de 34 semaines, testée positive au choléra, a été transférée d’urgence au Centre de traitement du choléra de l’hôpital provincial de Kinkanda. Malgré les efforts du personnel soignant, les complications liées à la maladie ont provoqué un accouchement difficile qui s’est malheureusement soldé par la perte du bébé. Ce drame illustre cruellement les conséquences humaines derrière les chiffres et les statistiques.
La propagation du choléra à Matadi s’inscrit dans un contexte plus large de vulnérabilité sanitaire. Les conditions d’hygiène précaires, l’accès limité à l’eau potable et la promiscuité dans certains quartiers favorisent la transmission de la bactérie. Les autorités sanitaires locales tentent de mettre en place des mesures de prévention, mais celles-ci se heurtent souvent à un manque de moyens et de coordination. Que faut-il faire pour briser ce cycle infernal des épidémies récurrentes ?
Le docteur Kuzoma lance un appel pressant aux autorités provinciales : “Nous avons besoin d’une mobilisation urgente des ressources pour assurer un ravitaillement rapide en médicaments et en matériel médical essentiel”. Selon lui, sans une intervention immédiate, le nombre de décès pourrait augmenter significativement dans les prochains jours. La saison des pluies, qui approche, risque d’aggraver encore la situation en facilitant la contamination des points d’eau.
La réponse à cette crise nécessite une approche multidimensionnelle. Au-delà de l’approvisionnement en médicaments, il est crucial de renforcer les campagnes de sensibilisation sur les mesures d’hygiène de base, d’améliorer l’accès à l’eau potable et de mettre en place un système de surveillance épidémiologique efficace. La communauté internationale et les organisations humanitaires devraient également se mobiliser pour appuyer les efforts locaux.
Cette épidémie de choléra à Matadi nous rappelle une vérité fondamentale : la santé publique n’est pas une dépense, mais un investissement essentiel pour le développement et la stabilité d’une nation. Chaque vie perdue à cause d’une maladie évitable et traitable représente un échec collectif. Alors que la crise sanitaire s’aggrave dans le Kongo-Central, une question demeure : jusqu’à quand devrons-nous attendre que l’urgence soit déclarée pour agir ?
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net