La République Démocratique du Congo fait face à un nouveau contretemps électoral majeur. L’opération de dépôt des candidatures pour les élections locales, initialement programmée du 15 au 28 août, n’a toujours pas démarré. Ce retard significatif dans le processus électoral résulte directement de l’absence de fonds gouvernementaux nécessaires au bon déroulement de ces scrutins cruciaux pour la décentralisation du pays.
La Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) se trouve dans l’attente des moyens financiers indispensables à l’ouverture des Bureaux de Réception et de Traitement des Candidatures (BRTC). Cette situation paralyse l’ensemble du processus et menace sérieusement le calendrier électoral publié le 22 juillet dernier. Comment la RDC peut-elle consolider sa démocratie sans garantir le financement des institutions électorales ?
Selon Edouard Bajika, conseiller du Rapporteur de la CENI, l’organe électoral reste dans l’expectative. « Dès que les moyens sont donnés, la CENI va organiser ces élections en tenant compte du calendrier publié », a-t-il déclaré. Cependant, il a émis une réserve de taille : « Si dans les jours qui viennent les fonds ne sont toujours pas disponibles, la CENI se verra dans l’obligation de modifier son calendrier ».
Ce retard dans le dépôt des candidatures pour les élections locales en RDC soulève des interrogations fondamentales sur l’engagement réel des autorités en faveur de la décentralisation. Les fonds alloués en 2023 étaient exclusivement destinés aux élections présidentielles, législatives et municipales, selon les explications fournies. Les scrutins des bourgmestres, conseillers urbains et maires constituent une étape distincte nécessitant un financement spécifique.
La plateforme de la société civile « Agir pour des Élections Transparentes et Apaisées » (AETA) avait déjà exprimé ses inquiétudes lors d’un point de presse la semaine dernière. L’organisation dénonce le non-respect de la recommandation du chef de l’État concernant l’organisation de ces élections locales, qu’elle présente comme « un levier important pour consolider la décentralisation et promouvoir la bonne gouvernance à la base ».
L’AETA recommande notamment au président de la République de « s’impliquer personnellement en enjoignant au gouvernement de se mobiliser pour la mise à disposition urgente à la CENI des fonds requis ». Cette intervention présidentielle apparaît de plus en plus nécessaire alors que le calendrier électoral modifié semble inévitable sans une libération rapide des ressources.
Dans son communiqué du 11 août, la CENI avait pourtant anticipé cette éventualité en précisant que le BRTC n’ouvrirait que « dès que les moyens nécessaires seront mis à sa disposition ». Cette précaution sémantique démontre que l’institution électorale connaissait les risques de retard dès la publication du calendrier.
Selon le calendrier initial, les élections des conseillers urbains, maires et maires adjoints étaient prévues le 9 octobre, suivies de celles des bourgmestres et bourgmestres adjoints le 22 novembre. Ces dates semblent désormais compromises, créant une incertitude croissante parmi les acteurs politiques et la société civile.
La question du financement des élections locales en RDC dépasse le simple aspect technique. Elle engage la crédibilité de l’ensemble du processus de décentralisation et met en lumière les défis structurels que rencontre la démocratie congolaise. Le gouvernement parviendra-t-il à débloquer les fonds nécessaires à temps pour sauver le calendrier électoral ?
L’enjeu est de taille : ces élections représentent une étape cruciale dans la consolidation de la gouvernance locale et la matérialisation concrète du processus de décentralisation tant attendu par les populations. Le retard accumulé risque d’affecter la confiance des citoyens dans les institutions et de retarder davantage le développement à la base.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd