Dans les studios de RTG1 à Gemena, un silence pesant régnait depuis près de deux semaines. Micros éteints, tables de mixage inertes, l’antenne brutalement coupée sur ordre des autorités provinciales. Ce mercredi 18 août 2025, les ondes ont enfin repris vie, portant à nouveau la voix des populations du Sud-Ubangi.
« Nous respirons enfin après ces douze jours d’asphyxie médiatique », confie un technicien de la radio sous couvert d’anonymat. « Fermer une radio parce qu’elle donne la parole au peuple, est-ce cela la démocratie que nous construisons ? »
L’Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA) a salué cette réouverture tout en pointant du doigt les pratiques liberticides qui persistent dans certaines provinces de la République Démocratique du Congo. La fermeture de RTG1 intervenait après la diffusion d’une émission jugée trop critique envers l’administration provinciale.
« Que demande le peuple » : ce simple titre d’émission a suffi à déclencher la foudre des autorités. Le présentateur Jonas Mageto et son invité Joseph Magbaka Ndigbo, ancien ministre provincial, avaient osé aborder des sujets sensibles, dont la suspension des activités de l’église Phoenix Tabernacle.
Marie-Thérèse Thontwa, ministre provinciale du Genre, Famille et Enfant, Culture et Arts, Communication et Médias du Sud-Ubangi, avait signé l’arrêt de mort temporaire de la station. Trois jours avant la réouverture, face au recours introduit par la direction de RTG1 et la pression médiatique, elle a finalement levé la mesure.
Cette affaire soulève des questions fondamentales sur l’état de la liberté de la presse en RDC. Jusqu’où peut aller le contrôle des médias par les autorités ? Les journalistes peuvent-ils exercer leur métier sans craindre des représailles ?
L’OLPA, dans son communiqué, appelle les autorités provinciales du Sud-Ubangi à « favoriser l’exercice de la liberté de la presse sur toute l’étendue de la province ». Un plaidoyer qui résonne bien au-delà des frontières de cette région du nord-ouest congolais.
Les observateurs des médias en Afrique suivent avec attention ces développements. La fermeture arbitraire de médias reste malheureusement une pratique courante dans plusieurs pays du continent. Le cas de RTG1 illustre à la fois les avancées et les reculs dans la lutte pour la liberté de la presse.
À Gemena, les auditeurs ont accueilli avec soulagement le retour de leur radio favorite. « RTG1, c’est notre voix », témoigne un habitant du quartier Mobaye. « Quand ils nous ferment la bouche, c’est toute la population qui suffoque. »
Cette affaire pose également la question de l’indépendance des médias congolais face au pouvoir politique. Les pressions, directes ou indirectes, constituent un défi quotidien pour les professionnels des médias en RDC.
La réouverture de RTG1 marque une victoire pour la liberté d’expression, mais le combat continue. Comme le rappelle l’OLPA, la vigilance reste de mise pour protéger cet acquis fragile qu’est la liberté de la presse en démocratie.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd