La zone de santé de Pinga, dans le territoire de Walikale au Nord-Kivu, traverse une crise médicale sans précédent. Depuis la recrudescence des violences armées dans la région, plusieurs structures sanitaires signalent une rupture complète de leurs stocks de médicaments. Les centres de santé de Nkassa, de Besse et le centre de référence de Munsanga se retrouvent dans une situation critique, incapables de fournir des soins élémentaires à une population déjà éprouvée par les conflits.
Comment une telle pénurie a-t-elle pu s’installer ? La réponse réside dans l’insécurité persistante qui paralyse toute la région. Les routes d’accès étant contrôlées par des groupes armés, les approvisionnements en médicaments et matériel médical ne parviennent plus jusqu’aux centres de santé. Les partenaires humanitaires se retrouvent dans l’impossibilité technique d’intervenir, créant ainsi une situation de blocus sanitaire invisible mais dévastatrice.
Les conséquences sur le terrain sont dramatiques. Lavie Changwi, secrétaire administratif du groupement Kisimba, témoigne : « La prise en charge des blessés de guerre devient impossible. Sans antibiotiques, sans antidouleurs, sans matériel de suture, nous assistons impuissants à l’aggravation d’états qui pourraient être soignés. Chaque jour sans médicaments coûte des vies ». Ce cri d’alarme révèle l’urgence d’une situation où les professionnels de santé doivent faire face à des pathologies complexes avec des moyens dérisoires.
Le médecin chef de zone de santé de Pinga confirme l’étendue du désastre : « Ce n’est pas seulement trois structures qui sont touchées, mais toute la zone de santé. Les violences armées ont créé une rupture complète de la chaîne d’approvisionnement ». Les maladies chroniques comme le diabète ou l’hypertension ne sont plus traitées, les infections banales deviennent potentiellement mortelles, et les programmes de vaccination sont à l’arrêt.
Qu’en est-il des blessés par balle ou des victimes de violences ? Sans kits de transfusion, sans solutions antiseptiques, sans analgésiques puissants, les soins d’urgence relèvent du miracle. Les personnel soignant doit improviser avec les moyens du bord, augmentant les risques d’infections et de complications post-opératoires.
La population civile paye le plus lourd tribut. Les déplacements massifs provoqués par les combats ont entraîné une concentration de besoins médicaux dans des zones déjà sous-équipées. Les maladies hydriques se propagent dans les sites de déplacés, la malnutrition affaiblit les défenses immunitaires, et l’absence de soins prénatals met en danger les femmes enceintes.
Que faire face à cette crise sanitaire au Nord-Kivu ? La solution passe nécessairement par la sécurisation des axes routiers et la restauration de l’autorité étatique. Sans accès garanti pour le personnel médical et les convois humanitaires, aucune amélioration durable n’est possible. La communauté internationale doit intensifier sa pression pour obtenir des corridors humanitaires fonctionnels.
En attendant, des vies continuent de se perdre dans l’indifférence générale. Chaque jour de retard dans la réponse aggrave le bilan humain de cette crise oubliée. La situation à Pinga illustre tragiquement comment les conflits armés détruisent non seulement les infrastructures, mais aussi tout le système de santé d’une région.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd