Dans la région de Walikale, l’initiative d’Alphamin Bisie Mining visant à améliorer l’accès à l’eau potable grâce à des forages se heurte à une inquiétante réalité. Des particules ressemblant à de la terre, accompagnées d’un goût salin inhabituel, ont été observées dans cette eau destinée à la consommation, soulevant de graves questions sanitaires dans cette commune rurale de la RDC.
“Lorsque nous puisons l’eau aux bornes-fontaines, nos récipients contiennent des résidus visibles qui flottent à la surface”, témoigne une habitante, exprimant une crainte partagée par de nombreuses familles. “Comment être sûr que ces particules ne vont pas provoquer des maladies comme la typhoïde ou des diarrhées sévères, surtout chez nos enfants ?” Cette question rhétorique résume l’angoisse quotidienne des usagers qui, par précaution, ont massivement cessé de boire cette eau. Une autre mère de famille confie : “Je l’utilise seulement pour la lessive ou la cuisine, mais jamais pour hydrater mes enfants. Son aspect trouble et son arrière-goût saline éveillent tous mes doutes”.
Selon une source médicale locale requérant l’anonymat, cette situation aurait pu être évitée par des analyses bactériologiques et chimiques préalables. “Toute eau de forage doit impérativement passer des tests vérifiant l’absence de coliformes fécaux, de métaux lourds ou de minéraux en excès avant distribution”, explique-t-elle. La présence de particules en suspension pourrait indiquer une filtration insuffisante ou une contamination par des matières organiques. Ces impuretés, si elles contiennent des pathogènes, deviennent des vecteurs potentiels de choléra ou de parasitoses intestinales – des risques particulièrement critiques dans une zone où l’accès aux soins reste limité.
Ironie du sort, ce projet censé résoudre la pénurie d’eau potable avait déjà été contesté lors de sa conception. Le groupement Utunda, directement impacté par les activités minières, avait explicitement refusé les forages lors des consultations communautaires. “Nous avions exigé l’aménagement des sources naturelles plutôt que des forages, car nous connaissons les risques de contamination des nappes phréatiques dans cette zone d’extraction”, rappelle un représentant local. Un choix ignoré par la société minière, qui a privilégié la solution technique des forages.
Face à cette crise de confiance, les spécialistes en santé publique recommandent trois mesures urgentes : premièrement, la suspension immédiate de la distribution jusqu’à des tests indépendants ; deuxièmement, l’installation de systèmes de filtration supplémentaires sur les points d’eau existants ; troisièmement, une transparence totale sur les résultats d’analyses auprès des communautés. Comme le souligne un expert sanitaire : “Dans des régions comme Walikale, où les maladies hydriques font encore des victimes, fournir une eau douteuse équivaut à remplacer un problème par un danger plus grave”. L’eau, cette ressource vitale, mérite plus qu’une solution approximative – elle exige une garantie de salubrité intangible.
Article Ecrit par Amissi G
Source: Actualite.cd
