Le gouvernement Suminwa II a tenu sa première réunion ce vendredi 15 août dans un climat d’exigence renouvelée. Autour du Président Félix-Antoine Tshisekedi, les 54 membres de ce nouvel exécutif ont été immédiatement confrontés à une feuille de route rigoureuse. La Première ministre Judith Suminwa, dans une allocution sans concession, a placé la redevabilité publique au cœur du mandat gouvernemental. Une stratégie qui, si elle échoue, pourrait fragiliser durablement la crédibilité de cette équipe pléthorique.
« Nous avons fait de la redevabilité de l’action publique une marque de notre gouvernance », a martelé Suminwa lors de ce Conseil des ministres RDC historique. Son discours, tranchant comme un couperet, a fixé des exigences inédites : évaluations trimestrielles basées sur les feuilles de route ministérielles, participation obligatoire aux commissions interministérielles, et alignement strict sur les directives présidentielles. Cette mécanique de contrôle périodique, présentée comme l’épine dorsale du Gouvernement Suminwa II, interroge : les ministres sauront-ils transformer l’essai sous une telle pression ?
La cheffe du gouvernement a détaillé les piliers d’une gouvernance responsable : « courage, vision stratégique claire et persévérance sans faille ». Dans un subtil jeu d’équilibre, elle a associé ces impératifs à un appel à la « détermination, passion et sens élevé du service public ». Un discours qui, sous des appels lyriques, cache une mise en garde implicite contre les dérives passées. La référence aux « valeurs morales » à renforcer lors du prochain séminaire gouvernemental n’est certainement pas fortuite dans un pays où la corruption reste endémique.
L’autre front ouvert par Suminwa concerne la communication gouvernementale. « Toute prise de parole doit être calibrée », a-t-elle ordonné, interdisant explicitement les polémiques sur les réseaux sociaux et exigeant une gestion « coordonnée, cohérente et responsable » de l’information. Le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, a reçu mission expresse de faire respecter ces consignes. Une centralisation qui pose question : s’agit-il d’un gage de transparence ou d’un verrouillage des discours dissidents ?
Cette rigueur affichée contraste avec la composition même du gouvernement Suminwa II. Avec ses 54 membres – comme l’équipe précédente –, cette structure demeure un colosse administratif. Comment concilier cette pléthore avec l’exigence d’efficacité proclamée ? Le séminaire à venir, présenté comme « cadre idéal pour renforcer nos capacités managérielles », devra apporter des réponses concrètes à ce paradoxe.
Judith Suminwa joue son crédit politique sur cette feuille de route exigeante. Ses appels répétés à la « solidarité gouvernementale » et à la « crédibilité » trahissent une conscience aiguë des écueils. Si les évaluations périodiques des ministres deviennent un simple exercice bureaucratique, si la communication se mue en langue de bois institutionnelle, cette gouvernance promise comme « forte et responsable » pourrait bien se révéler un château de cartes. L’avenir du Gouvernement Suminwa II se jouera dans l’implacable application de ses propres principes – ou dans leur dilution progressive.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd