Les sanglots étouffés résonnaient encore dans la cour du Commissariat général de la Police nationale ce lundi 18 août, où la dépouille de Bertin Yawe Sumanda reposait sous les drapeaux en berne. « Il est tombé au front, comme un soldat », murmurait un gradé en ajustant son uniforme, résumant l’émotion d’une institution en deuil. Le commissaire divisionnaire adjoint, fauché le 3 août lors d’un tragique accident de circulation sur la Route nationale n°1 à Kimpese dans le Kongo-Central, a reçu des funérailles à la mesure de son engagement.
En pleine mission officielle comme Commissaire provincial de la PNC/Kongo-Central et président de la Sous-Commission Sécurité publique, l’officier a perdu la vie sur ce tronçon routier notoirement dangereux. Qui aurait cru que cette RN1, artère vitale du pays, deviendrait le théâtre de son dernier sacrifice ? Son décès en service actif soulève des questions brûlantes sur les conditions de sécurité des forces de l’ordre congolaises, constamment exposées aux risques des déplacements professionnels.
Face au cercueil recouvert du drapeau national, le ministre de l’Intérieur Jacquemain Shabani a dirigé une cérémonie d’hommages chargée de symboles. « La nation perd un de ses fils les plus dévoués », a-t-il déclaré, entouré d’officiers aux visages fermés. Ces hommages du ministre de l’Intérieur en RDC résonnaient comme un aveu douloureux : celui d’une administration confrontée à la disparition brutale de ses éléments les plus compétents.
L’inhumation du commissaire de police à Kinshasa a révélé l’ampleur d’une carrière exceptionnelle. Originaire du Nord-Ubangi, Bertin Yawe Sumanda avait gravi tous les échelons depuis son poste de Chef S3 du Bataillon de police d’intervention rapide (PIR). Ses affectations successives – commissaire provincial adjoint au Haut-Katanga puis en Tshuapa – dessinaient le parcours d’un homme infatigable. Sa nomination à la tête de la police du Kongo-Central en juin dernier couronnait 25 ans de service public.
L’accident de circulation sur la RN1 à Kimpese interroge au-delà du drame individuel. Combien d’agents subiront ce sort sur nos routes délabrées ? La carrière policière au Kongo-Central, comme ailleurs en RDC, reste un métier à haut risque où les héros tombent souvent dans l’indifférence. Les derniers honneurs rendus à Yawe Sumanda rappellent pourtant une évidence : la sécurité des citoyens dépend d’abord de la protection de ceux qui la garantissent.
Alors que la terre se refermait sur sa dépouille au cimetière de Kinshasa, une question demeure dans tous les esprits : son sacrifice servira-t-il de déclic pour sécuriser les routes et mieux protéger ceux qui veillent sur notre paix ? Le commissaire Sumanda laisse en héritage plus qu’un souvenir : un appel silencieux à valoriser ces vies offertes sur l’autel du service public.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net
