Dans un geste porteur d’espoir pour la relance agricole du Masisi, la Fédération des organisations des producteurs agricoles du Congo (FOPAC) a distribué le 15 août dernier des semences stratégiques et des outils aratoires à 400 familles vulnérables. Ces ménages, récemment retournés dans leur village de Ngumba (aire de santé de Shasha), représentent un maillon essentiel de la reconstruction post-conflit dans ce territoire du Nord-Kivu déchiré par des années de violence.
Cette aide agricole Nord-Kivu s’inscrit dans le cadre du projet “Intervention vitale pour la population du Nord-Kivu”, exécuté par la FOPAC avec l’appui financier et technique d’OXFAM. Objectif central : permettre à ces populations traumatisées par les déplacements forcés de retrouver une autonomie ménages déplacés par la relance de leurs activités agropastorales. La distribution ciblée de semences de choux et d’amarante – cultures à cycle court – répond à une urgence alimentaire tout en jetant les bases d’une sécurité économique durable.
Pour Safari Muzee, père de dix enfants et bénéficiaire du programme, cette intervention tombe à point nommé : « Nous étions en carence des semences d’amarantes. Trouver des semences de choux exigeait des déplacements coûteux jusqu’à Shasha, Minova ou Sake – un parcours du combattant pour une population sans ressources ». Son témoignage illustre les défis logistiques et financiers qui paralysaient la renaissance agricole dans cette région enclavée, où les semences vulnérables Masisi constituent pourtant un premier pas vers la résilience.
L’impact économique de ce FOPAC OXFAM projet dépasse la simple subsistance. En permettant aux familles de cultiver pour leur consommation immédiate tout en dégageant un surplus commercialisable, il crée un double levier : réduction de la dépendance à l’aide alimentaire d’urgence et génération de revenus monétaires. Les outils aratoires distribués – houes, machettes et dabas – complètent ce dispositif en levant l’obstacle de l’équipement de base. Ces outils aratoires RDC transforment ainsi l’assistance ponctuelle en investissement productif à moyen terme.
Quel avenir pour ce modèle d’intervention ? Les organisations partenaires misent sur un effet multiplicateur : chaque sac de semences distribué aujourd’hui pourrait demain nourrir des circuits locaux de distribution semencière, réduisant les coûts de transport qui grèvent jusqu’à 40% du budget des petits exploitants. La vraie mesure du succès résidera dans la capacité de ces 400 familles à atteindre l’autosuffisance d’ici la prochaine saison culturale – un pari audacieux dans une zone où la sécurité reste précaire. Cette initiative pose néanmoins une question cruciale : et si la clé de la stabilisation du Nord-Kivu passait par le soutien systématique à l’agriculture de proximité ?
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net