Ce mercredi 13 août 2025 marque une étape significative dans le processus de retour des réfugiés congolais, avec le rapatriement volontaire de 258 personnes originaires du Kasaï depuis l’Angola. Coordonné conjointement par le gouvernement angolais et le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), ce mouvement s’inscrit dans un programme de solutions durables pour des milliers de déplacés ayant fui les violences de la milice Kamuina Nsapu entre 2016 et 2017. Le convoi a quitté au petit matin le camp de Lovua, situé dans le nord de l’Angola, pour un périple symbolique vers la terre natale.
Le tracé emprunté révèle la complexité logistique de ces opérations humanitaires : passage frontalier par Naxiri en Angola puis Kandjaji en République démocratique du Congo, avant la route de Mungamba menant à Tshikapa, chef-lieu de la province du Kasaï. Selon les données du HCR Angola RDC, plus de 35 000 Congolais étaient encore enregistrés dans les camps angolais début 2025, faisant de ce retour organisé un maillon essentiel de la résolution régionale des crises migratoires. « Ce rapatriement volontaire respecte les principes fondamentaux de dignité et de sécurité », souligne un porte-parole de l’agence onusienne, rappelant que chaque réfugié a confirmé son choix après des entretiens individuels approfondis.
Les défis de la réintégration à Tshikapa apparaissent cependant colossaux. Comment ces familles, absentes parfois depuis près d’une décennie, pourront-elles retrouver une vie normale sans accès garantis au logement, aux soins de santé ou à l’éducation ? La question hante les acteurs humanitaires, alors que les infrastructures locales peinent déjà à répondre aux besoins des populations présentes. Les autorités provinciales et nationales congolaises sont désormais interpellées pour mettre en place des mécanismes d’accueil pérennes, incluant notamment la délivrance de documents d’identité et l’accès à des parcelles cultivables.
Ce retour de réfugiés congolais depuis le camp Lovua intervient dans un contexte sécuritaire encore fragile au Kasaï, où des poches de tension subsistent malgré la démobilisation officielle de la milice Kamuina Nsapu. Les observateurs internationaux s’interrogent : ce rapatriement constitue-t-il un signe tangible de pacification ou un pari risqué dans une région où la violence intercommunautaire a fait plus de 3 000 morts ? La réponse dépendra largement de la capacité des gouvernements à transformer ce retour physique en réintégration sociale effective. Les leçons des précédentes vagues de rapatriement montrent que l’absence de suivi post-arrivée peut engendrer de nouveaux déplacements internes.
La réintégration Tshikapa représente désormais le véritable test de solidité pour cette opération. Des programmes d’accompagnement économique ciblant spécifiquement les rapatriés doivent être déployés urgemment, combinant formation professionnelle et microcrédits. Sans création d’opportunités locales, le risque de marginalisation économique guette ces populations doublement traumatisées par l’exil et la guerre. Le HCR prévient : « Le succès ne se mesure pas aux kilomètres parcourus par le convoi, mais à la stabilité reconstruite dans chaque foyer après des années de déracinement. »
Cette opération s’inscrit dans une dynamique régionale plus large, où près de 12 000 réfugiés kasaïens sont rentrés d’Angola depuis 2022 grâce au cadre tripartite Angola-RDC-HCR. Un modèle qui pourrait inspirer d’autres situations de post-conflit en Afrique centrale, à condition que les engagements financiers suivent. Alors que le convoi atteignait Tshikapa en fin de journée, les sourires des enfants contrastaient avec l’appréhension des aînés, rappelant que le chemin vers une paix durable reste semé d’embûches mais que chaque retour symbolise une victoire contre l’exil forcé.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: Actualite.cd