Des champs naguère verdoyants transformés en paysages lunaires, une rivière agonisante charriant son poison : à Kambove, la colère gronde contre la Compagnie Minière de Kambove (COMIKA). Cent cultivateurs, frappés en plein cœur de leur outil de subsistance, pointent du doigt les rejets toxiques de l’entreprise chinoise qui ont méthodiquement détruit leurs plantations. Une pollution minière à Kambove confirmée par des analyses indépendantes, mais que la COMIKA refuse obstinément de reconnaître.
Le drame écologique couve depuis des mois dans le Haut-Katanga. Selon la Société civile environnementale Aaro-rurale du Congo (SOCARICO), les rejets industriels de la COMIKA asphyxient la rivière Kisanga, artère vitale pour l’agriculture locale. Polydore Muchaila, président de la SOCARICO, alerte : “Le bassin de rétention déborde directement dans la Kisanga. Ces eaux maudites, chargées de métaux lourds, sont pourtant utilisées par les paysans pour irriguer leurs cultures !”. Un cercle vicieux infernal où l’eau de vie se mue en instrument de mort lente pour les sols.
La manifestation du 13 août, réprimée par l’interpellation de deux cultivateurs, a sonné l’heure de la révolte ouverte. Sous le soleil cuivré du Katanga, des mains calleuses brandissaient des plants rabougris et des échantillons d’eau trouble. “Nos tomates noircissent en deux jours, le manioc pourrit avant maturité. La terre elle-même est malade”, témoigne un agriculteur, la voix nouée de rage impuissante. Ces cultivateurs de Kambove ne réclament pas la charité, mais justice : une indemnisation à la mesure du désastre subi.
L’argument des paysans repose sur une preuve scientifique imparable. Alertées, les autorités ont fait prélever des échantillons analysés par le laboratoire de l’Université de Lubumbashi. Les résultats ? Une confirmation sans équivoque de la pollution aux substances toxiques. “La décision était claire : délocalisation et indemnisation immédiates selon la loi environnementale”, poursuit le cultivateur. “Mais le patron chinois de la COMIKA rejette nos preuves, il se moque de notre survie !”. Ce déni face à l’évidence scientifique jette une lumière crue sur l’impunité des pollueurs.
Alors que la COMIKA pollution s’étend comme une tache d’huile, l’administrateur du territoire de Kambove tente d’apaiser les esprits en confirmant le lancement d’un processus d’indemnisation. Mais dans les villages riverains de la Kisanga souillée, la patience s’effrite comme la terre érodée. Combien de saisons perdues avant que les promesses ne se concrétisent ? Combien d’enfants devront-ils boire une eau empoisonnée ? La rivière Kisanga pollution n’est pas qu’un drame écologique, c’est une bombe à retardement sanitaire.
Cette crise révèle l’implacable équation katangaise : l’exploitation minière contre la vie paysanne. Les rejets toxiques dans la Kisanga symbolisent l’asphyxie programmée d’un écosystème entier. Jusqu’où faudra-t-il que le désastre s’étende pour que l’indemnisation des victimes cesse d’être un vain mot ? Le temps n’est plus aux études complémentaires, mais à l’action ferme. Car chaque jour perdu consacre un peu plus la tragédie silencieuse des cultivateurs de Kambove, ces oubliés du progrès minier.
Article Ecrit par Miché Mikito
Source: radiookapi.net