« Le changement ne viendra pas des institutions, il vient de nous les jeunes ! ». La déclaration tonitruante d’Amadou Barry, président de l’Union citoyenne guinéenne, a électrisé des centaines de jeunes Congolais rassemblés ce 12 août au Palais du Peuple. À l’occasion de la journée mondiale de la jeunesse, le Forum International de la Jeunesse Africaine pour le Développement de l’Afrique (FIJADA) organisait une table ronde brûlante d’actualité sous le thème « Créer un avenir durable : l’engagement des jeunes pour la planète ».
Dans cette salle mythique de Kinshasa, l’urgence écologique a croisé les réalités congolaises. Jonathan Masuta, président du FIJADA, a ouvert les débats devant des délégations venues de 25 pays africains. Rapidement, la rencontre a transcendé les discours convenus. « Être en action est ce qui nous permettra de créer un changement réel », a martelé Barry, provoquant une salve d’applaudissements. Son message ? Les jeunes doivent compter sur eux-mêmes, innover, prendre des risques pour forger l’Afrique de demain.
L’événement a basculé lorsque le professeur Cédric Tshibangu Munyenze, directeur de l’INBTP, a abordé l’épineuse gestion des ressources naturelles de la RDC. Son diagnostic est sans appel : « La RDC ne doit pas se limiter à une vision nationale, mais adopter une vision planétaire ». Face aux tensions récurrentes avec les pays voisins convoitant les minerais et forêts congolaises, il a plaidé pour une gouvernance participative. « Si vous dites que les ressources appartiennent uniquement à la RDC, ils continueront de nous faire la guerre », a-t-il averti, soulignant qu’il ne s’agissait ni de capitulation ni de cadeaux, mais d’une stratégie de prévention des conflits.
Cette table ronde Kinshasa a révélé une jeunesse assoiffée de solutions. Lors des panels, entrepreneurs et universitaires ont croisé le fer sur des sujets brûlants : comment former des leaders capables de transformer l’abondance naturelle en développement tangible ? Quelle place pour l’entrepreneuriat vert dans un pays minier ? Le professeur Tshibangu a enfoncé le clou : « Le monde est un système de sous-systèmes en interaction. Ces interactions dépassent nos frontières ». Une vérité géopolitique que la RDC ne peut plus ignorer.
La cérémonie s’est close par la remise de brevets aux participants, symboles d’une génération prête à relever le défi. Mais derrière ce geste protocolaire, une question lancinante persiste : cet engagement jeunes congolais saura-t-il infléchir des décennies de gestion prédatrice ? Alors que la journée mondiale jeunesse RDC s’achevait, les échos du Palais du Peuple résonnaient comme un ultimatum. La jeunesse africaine exige désormais sa place à la table des décisions écologiques. Et la RDC, avec son incroyable patrimoine naturel, se trouve en première ligne de cette révolution silencieuse.
La véritable épreuve commence maintenant. Ces jeunes formés, ces idées germées dans l’effervescence des débats, parviendront-elles à percer le mur des inerties politiques ? Le FIJADA développement Afrique a allumé une étincelle. Reste à savoir si elle embrasera les consciences au-delà des cercles militants. Car comme le rappelait un participant anonyme : « Nos forêts brûlent pendant que nos dirigeants comptent les dollars du bois ». Le temps n’est plus aux beaux discours, mais à l’action concrète. Et cette jeunesse congolaise, visiblement, n’a plus froid aux yeux.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd