Une épidémie de diarrhée aiguë, liée à une intoxication alimentaire dans la zone de santé de Kibua (territoire de Walikale, Nord-Kivu), vient d’être maîtrisée après avoir causé deux décès parmi plus de 60 cas recensés. Comment cette crise sanitaire, initialement alarmante, a-t-elle pu être contenue dans cette région rurale du Congo ? La réponse réside dans une mobilisation coordonnée qui pourrait servir de modèle pour la santé rurale en RDC.
Fin juillet, le Dr Yves Tshongo Bikunde, médecin-chef de zone, avait lancé une alerte urgente : des cas groupés de diarrhée et vomissements se déclaraient après consommation de viande de bœuf suspectée contaminée. En milieu rural congolais, où l’accès aux soins reste limité, cette intoxication alimentaire à Walikale présentait des risques accrus de complications sévères. Les symptômes diarrhéiques, s’ils ne sont pas traités rapidement, peuvent entraîner une déshydratation extrême – comparable à un moteur privé d’huile – particulièrement dangereuse pour les enfants et personnes fragiles.
L’intervention décisive est venue de Médecins Sans Frontières (MSF), dont l’appui technique et matériel a constitué un tournant. « MSF nous a fourni des intrants médicaux spécialisés, notamment des kits choléra adaptés pour la RDC », explique le Dr Tshongo Bikunde. Ces kits comprenaient des solutions de réhydratation orale, du zinc, du Ringer lactate, de l’oxytétracycline, ainsi que du matériel stérile (cathéters, seringues, gants). Une véritable trousse de secours contre la déshydratation, livrée dès le 8 août à l’aire de santé de Byungu.
Cette riposte illustre l’importance cruciale des partenariats dans la santé rurale congolaise. La synergie entre MSF Nord-Kivu, les autorités sanitaires locales et les communautés a permis une distribution rapide des traitements et une surveillance épidémiologique renforcée. À titre de comparaison, sans ces kits choléra RDC, le taux de mortalité aurait pu grimper de manière dramatique, comme observé lors de précédentes épidémies diarrhéiques dans la région.
Si la situation est désormais « sous contrôle » selon le médecin-chef, une vigilance persiste face aux mouvements de troupeaux vers Walikale, potentiels vecteurs de contamination. Cette crise soulève des questions préventives essentielles : comment renforcer la sécurité alimentaire dans les zones reculées ? Quels systèmes d’alerte précoce mettre en place ?
En conclusion, la maîtrise de cette épidémie diarrhée à Kibua offre des enseignements précieux pour la RDC : 1) L’approvisionnement stratégique en kits médicaux spécialisés sauve des vies ; 2) La collaboration entre acteurs locaux et internationaux est vitale ; 3) La surveillance des denrées alimentaires en santé rurale congolaise mérite un investissement accru. Les autorités sanitaires rappellent l’urgence de traiter toute eau de consommation et de cuire minutieusement les viandes – des gestes simples qui forment un bouclier quotidien contre les intoxications alimentaires.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net