La province du Nord-Kivu est confrontée à une menace sanitaire croissante avec la confirmation de deux décès dus au choléra parmi les populations déplacées de Mweso. Ces victimes, originaires des campements du Jardin Théicole de Ngeri, ont succombé le 12 août dernier à l’hôpital général de référence de cette localité, selon la division provinciale de la Santé. Cette tragédie survient dans un contexte où des milliers de personnes fuient les combats entre rebelles AFC/M23 soutenus par le Rwanda et les forces gouvernementales appuyées par les Wazalendo.
Comment cette maladie se propage-t-elle si rapidement ? Le choléra, infection intestinale aiguë causée par la bactérie Vibrio cholerae, se transmet principalement par l’eau ou des aliments contaminés. Imaginez une seule source d’eau polluée : elle peut devenir un véritable cocktail explosif pour des communautés entières. Les symptômes initiaux – diarrhées aqueuses abondantes et vomissements – provoquent une déshydratation extrêmement rapide qui peut entraîner la mort en quelques heures sans traitement approprié.
À Mweso, les conditions d’accueil des déplacés originaires de la chefferie de Bwito et du nord-est de Walikale créent un terrain propice à l’épidémie de choléra. Concentrés dans des écoles, églises et familles d’accueil au village Miti et au centre-ville, ces milliers de personnes survivent sans accès suffisant à l’eau potable, avec des installations sanitaires précaires et une hygiène compromise. C’est malheureusement l’équivalent d’une traînée de poudre pour la propagation du choléra, maladie directement liée à la promiscuité et au manque d’assainissement.
Cette situation locale s’inscrit dans une crise nationale alarmante. Le ministre de la Santé publique, Roger Kamba, a récemment révélé que la RDC fait face à une épidémie majeure de choléra en 2025 avec plusieurs milliers de cas et centaines de décès recensés à travers le pays. Le Nord-Kivu, déjà éprouvé par des années de conflits, figure parmi les régions les plus vulnérables en raison des déplacements massifs de population et de la dégradation des infrastructures sanitaires.
Face à cette urgence, quelles solutions immédiates ? Le traitement du choléra repose essentiellement sur la réhydratation orale ou intraveineuse et l’administration d’antibiotiques dans les cas sévères. Mais la prévention reste l’arme absolue : purification de l’eau, lavage des mains systématique, et installation de latrines sécurisées. Les autorités locales et humanitaires lancent un appel pressant à une assistance sanitaire d’urgence dans le Nord-Kivu, soulignant que sans intervention rapide sur l’accès à l’eau et l’hygiène dans les sites de déplacés de Rutshuru, l’épidémie pourrait connaître une flambée incontrôlable.
Cette crise humanitaire à Mweso nous rappelle cruellement que le choléra reste une maladie des inégalités sociales. Sa progression foudroyante dans des conditions de précarité extrême exige une réponse coordonnée incluant la surveillance épidémiologique, la prise en charge médicale gratuite, et surtout des solutions durables d’accès à l’eau potable. Alors que la saison des pluies approche, chaque jour sans action concrète augmente le risque de voir cette tragédie sanitaire se transformer en catastrophe humanitaire dans cette région déjà meurtrie.
Article Ecrit par Amissi G
Source: radiookapi.net