Une paralysie complète frappe l’axe stratégique Bunia-Mahagi où plus de 200 camions chargés de carburant et de denrées essentielles sont immobilisés depuis plusieurs jours. Le refus catégorique des transporteurs d’emprunter la route nationale 27, théâtre d’embuscades répétées, plonge la province d’Ituri dans une crise d’approvisionnement aiguë. Des groupes armés non identifiés multiplient les attaques sur ce tronçon de 185 kilomètres, dépouillant systématiquement les voyageurs et procédant à des enlèvements.
Les conséquences économiques sont immédiates à Bunia, capitale provinciale privée de ravitaillement. Le prix du litre d’essence a bondi à 4 000 francs congolais contre 3 300 la semaine précédente et 2 500 début août. Cette flambée des prix touche l’ensemble des produits de première nécessité, selon des sources marchandes locales. Les stocks s’amenuisent dangereusement dans une ville dépendante de cet axe routier unique.
Le territoire de Djugu constitue le point noir sécuritaire principal sur cette artère vitale. La dernière embuscade en date remonte au 12 août près de Matete, où un chauffeur a perdu la vie et plusieurs passagers ont été intégralement dépouillés. Des disparitions inquiétantes sont signalées parmi des voyageurs partis de Butembo, victimes présumées d’une attaque attribuée aux rebelles ADF sur l’axe Eringeti-Kainama dans le territoire voisin de Beni.
Le calvaire des transporteurs dépasse les simples risques d’embuscades. Des miliciens installent quotidiennement des barrières illégales pour imposer des taxes exorbitantes sous la menace des armes. Ces rançons systématiques alourdissent considérablement les coûts opérationnels dans un contexte déjà périlleux. Face à cette double pression financière et sécuritaire, les opérateurs économiques ont opté pour le blocage coordonné à Mahagi-centre.
Cette mobilisation inédite des transporteurs vise à alerter les autorités sur l’urgence d’une intervention militaire. Aucune patrouille renforcée ni opération de sécurisation n’a pourtant été déployée à ce jour. Les appels répétés aux commandements militaires locaux sont restés sans réponse. Combien de temps Bunia pourra-t-elle tenir sans approvisionnement ? La question hante les commerçants comme les ménages.
L’enjeu dépasse la simple fluidité du trafic. Cette paralysie met en lumière la vulnérabilité chronique des axes économiques de l’Ituri face à l’insécurité. Alors que les prix s’envolent et que les produits se raréfient, l’attente d’une réaction des forces de sécurité devient angoissante. La sécurisation de la RN27 conditionne désormais la survie économique de toute une région.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net