Le Trésor américain a frappé un coup dur contre le financement des groupes armés dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Ce mardi 12 août, des sanctions ciblant la coalition des Patriotes résistants Congolais et force de frappe (PARECO-FF), active dans le territoire de Masisi au Nord-Kivu, ont été annoncées. Ces mesures s’inscrivent dans une stratégie internationale visant à éradiquer le commerce des minerais de conflit qui alimente l’instabilité régionale.
Depuis 2022, le groupe PARECO-FF, lié au réseau Wazalendo, contrôle plusieurs sites miniers stratégiques autour de Rubaya. Il y impose un système de prédation économique fondé sur la perception de taxes illégales auprès des mineurs artisanaux et supervise directement des opérations minières clandestines. Comment ces activités parviennent-elles à s’insérer dans les circuits internationaux ? La réponse réside dans un réseau complexe démantelé par les investigations américaines.
Les sanctions s’étendent à la Coopérative des artisanaux miniers du Congo (CDMC) et à deux sociétés basées à Hong Kong. Selon le communiqué du Bureau du contrôle des avoirs étrangers (OFAC), la CDMC servirait d’intermédiaire en commercialisant des minerais extraits des zones sous contrôle de PARECO-FF vers ces entreprises asiatiques. Ce trafic minier armé alimenterait un flux transfrontalier opaques : les ressources, dont la cassitérite et le coltan, transiteraient par le Rwanda avant d’atteindre la Chine, contournant ainsi les mécanismes de certification légaux.
Concrètement, les sanctions impliquent le gel immédiat de tous les avoirs de ces entités sur le sol américain et interdisent aux personnes et entreprises américaines toute transaction avec elles. L’objectif déclaré est d’assécher les financements des groupes armés, privant PARECO-FF des revenus estimés à plusieurs millions de dollars annuels issus de ce commerce illicite. Ces minerais de conflit Congo alimentent directement l’engrenage de la violence dans une région déjà dévastée par trois décennies de conflits.
Au-delà du trafic, PARECO-FF est accusé d’exactions systématiques contre les civils. Le groupe aurait établi une administration parallèle dans le secteur de Katoyi, où il perpètre vandalisme, pillages et impose des taxes illégales. Ces pratiques aggravent l’insécurité chronique dans un contexte où la population subit également les affrontements avec le groupe rebelle M23. La communauté internationale s’interroge : ces sanctions américaines RDC suffiront-elles à briser des réseaux transnationaux aussi résilients ?
Cette décision intervient alors que la pression monte contre les circuits financiers des milices congolaises. Elle illustre la volonté de Washington de cibler non seulement les acteurs armés locaux comme PARECO-FF Nord-Kivu, mais aussi toute la chaîne de complicité économique. L’efficacité dépendra toutefois de la coordination avec les pays voisins et des contrôles renforcés sur les exportations minières. La lutte contre le financement groupes armés par le trafic minier armé reste un défi multidimensionnel où chaque maillon du réseau doit être neutralisé.
Article Ecrit par Cédric Botela
Source: radiookapi.net