La réforme de la paie des fonctionnaires en République Démocratique du Congo entre dans une phase décisive sous l’impulsion du Vice-Premier Ministre Jean-Pierre Lihau. Lors d’une réunion stratégique tenue ce 12 août 2025, le ministre de la Fonction publique a tracé une feuille de route ambitieuse pour corriger les défaillances systémiques entravant depuis dix ans la bancarisation des agents de l’État.
Le constat dressé par le gouvernement est sans appel : malgré une décennie d’efforts, la rémunération des fonctionnaires reste prisonnière d’obstacles structurels. « Comment expliquer qu’en 2025, des enseignants ou infirmiers attendent toujours trois mois leur salaire dans des régions reculées ? », s’interroge-t-on dans les couloirs du ministère. Les zones enclavées souffrent d’un manque criant d’accès aux services bancaires, tandis que les lenteurs administratives, la mauvaise répartition des agents entre opérateurs financiers et l’absence de traitement des réclamations minent la crédibilité de cette réforme paie fonctionnaires RDC.
Face à ce bilan mitigé, Jean-Pierre Lihau a imposé deux leviers de transformation immédiats. D’abord, l’actualisation urgente de la cartographie des opérateurs bancaires selon leur implantation réelle – une mesure visant à corriger les aberrations de couverture territoriale. Ensuite, l’introduction progressive de cartes biométriques pour sécuriser les transactions et assurer une traçabilité des paiements. « Cette biométrie n’est pas un gadget technologique mais un rempart contre les détournements », a martelé le ministre, soulignant que la transparence du système rémunération état conditionnait la confiance des 650 000 agents publics.
L’innovation majeure réside dans le pari sur le mobile banking Congo. Conscient des limites physiques du réseau bancaire, Lihau promeut des partenariats stratégiques avec les opérateurs télécoms pour généraliser les paiements par téléphone portable. « Le mobile money devient la colonne vertébrale de notre inclusion financière dans les provinces oubliées », a-t-il affirmé, évoquant un dispositif qui pourrait réduire de 70% les délais de traitement tout en contournant les problèmes logistiques. Cette bancarisation agents publics par voie digitale représenterait une première en Afrique centrale à cette échelle.
Cette réforme Jean-Pierre Lihau dépasse la simple modernisation technique : elle engage la crédibilité d’un État accusé de négligence chronique envers ses serviteurs. Le calendrier serré – avec une évaluation dans les prochaines semaines – témoigne de l’urgence politique. Mais gageons que la réussite de ce virage numérique dépendra de la capacité à briser les résistances bureaucratiques qui ont fait échouer les tentatives précédentes. La bancarisation des fonctionnaires congolais deviendra-t-elle enfin une réalité ou restera-t-elle un mirage administratif ? La réponse se joue désormais sur le terrain des infrastructures et de la volonté politique.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: Actualite.cd