À Kisangani, un conflit larvé oppose la Division provinciale de la METELSAT à la Régie des voies aériennes (RVA), cristallisé autour du non-reversement des redevances aéroportuaires. Emmanuel Bombongo Bolimo, chef de la METELSAT Tshopo, a levé le voile sur cette crise financière lors d’une conférence de presse ce mardi 11 août, dénonçant une violation flagrante du protocole d’accord liant les deux institutions sous la tutelle du ministère des Transports.
Le cœur du litige ? La RVA, chargée de percevoir les redevances routières et d’atterrissage à l’aéroport international de Bangboka, retiendrait indûment la part revenant à la météorologie nationale. Pourtant, l’article 9 de l’arrêté en vigueur et le protocole signé en 2017 établissent clairement une clé de répartition : 60% pour la METELSAT contre 40% pour la RVA. « Depuis sept ans, cette règle reste théorique ici. Comment expliquer que Kisangani soit exclue de ce financement vital ? », interroge Bombongo, soulignant l’impact catastrophique sur les opérations quotidiennes.
Les conséquences de ce différend financier dépassent les simples querelles administratives. Privée de ressources, la METELSAT voit sa capacité à assurer la sécurité aérienne et les prévisions climatiques sérieusement compromise dans la province de la Tshopo. Une situation d’autant plus paradoxale que le protocole accord Transports RDC devait justement fluidifier la collaboration entre services publics. Jusqu’à quand les autorités toléreront-elles ce détournement de fonds destinés au financement météorologie Tshopo ?
Face à l’impasse, le chef provincial a saisi le gouverneur de la Tshopo, rappelant amèrement que ce dernier avait déjà convoqué les parties en février dernier. « Le gouverneur nous avait rappelé nos obligations mutuelles, mais depuis, silence radio », déplore Bombongo. Cette inertie administrative alimente les tensions sur le terrain, comme en témoignent les affrontements physiques survenus récemment entre agents des deux entités à l’aéroport Bangboka. Un climat délétère qui menace directement la fluidité des opérations aéroportuaires.
Derrière ce conflit METELSAT RVA se profile une question plus fondamentale : la gestion opaque des redevances aéroportuaires Kisangani. Alors que la délégation syndicale de la RVA a imploré l’intervention du ministre national des Transports, l’absence de sanction pour non-application du protocole interroge sur la gouvernance du secteur. Si les réunions de conciliation se soldent par des échecs répétés, ne faut-il pas envisager un audit indépendant des flux financiers ? La crédibilité même des institutions congolaises est en jeu dans ce dossier, où l’intérêt général semble sacrifié sur l’autel des rivalités bureaucratiques.
En l’état, cette impasse illustre cruellement les dysfonctionnements chroniques qui minent les services publics congolais. Sans un règlement urgent, c’est toute la chaîne de sécurité aérienne et de surveillance climatique dans le nord du pays qui risque la paralysie. Les prochains jours seront décisifs : soit les autorités provinciales et nationales imposent le respect du droit, soit le conflit s’envenimera davantage, avec des conséquences potentiellement dramatiques pour les usagers de l’aéroport Bangboka et les populations dépendant des données météorologiques.
Article Ecrit par Chloé Kasong
Source: radiookapi.net