Entre les collines verdoyantes du Kongo Central, Mbanza-Ngungu émerge tel un écrin oublié où résonnent à la fois les murmures de l’histoire coloniale et les chants des traditions kongo. Quinze années d’un labeur obstiné ont transformé Georges Dombasi Masiditewa en architecte d’une renaissance touristique, tissant patiemment les fils d’un patrimoine congolais trop longtemps négligé. Son établissement hôtelier, phénix renaissant des cendres d’un vandalisme datant de 1997, est devenu le sanctuaire où convergent fonctionnaires en mission, chercheurs avides de découvertes et enfants de la diaspora en quête de racines.
Qui pourrait résister à l’appel des grottes de Dimba, ces cathédrales souterraines où stagnent des siècles dans le silence des stalagmites et où évolue le mystérieux ngovo, poisson aveugle des profondeurs ? Le tourisme Mbanza-Ngungu s’articule autour de ces merveilles géologiques, mais aussi de la réserve de biosphère de Luki, poumon vert vibrant de biodiversité, ou encore des chutes tumultueuses qui semblent scander le passage du temps. Georges Dombasi, tel un maître d’œuvre culturel, a patiemment construit des circuits historiques serpentant vers les vestiges ferroviaires coloniaux, tandis que les soirées gastronomiques de son hôtellerie exhalent les parfums du terroir, accompagnées de rythmes traditionnels et d’expositions d’artisanat local.
Pourtant, derrière cette mosaïque de splendeurs, le défi des infrastructures persiste. « Comment attirer les voyageurs quand les routes ressemblent à des chemins de taupe ? » s’interroge implicitement l’entrepreneur, pointant du doigt le manque criant d’investissements publics. Sa collaboration avec l’Église Kimbanguiste – dont le siège spirituel voisin attire des pèlerins par milliers – dessine pourtant des perspectives radieuses. La Route de la Passion, projet ambitieux, pourrait insuffler une nouvelle dynamique à ce patrimoine Kongo Central, à condition que l’État se mue en partenaire plutôt qu’en spectateur.
L’offre de circuits culturels RDC imaginée par Dombasi transcende la simple logique marchande. Former des guides locaux, digitaliser l’expérience visiteur, créer une agence dédiée : tels sont les piliers de sa feuille de route. Car chaque pas dans les grottes de Dimba, chaque contemplation des briques coloniales ou chaque recueillement devant les reliques kimbanguistes participe d’une reconquête identitaire. Mbanza-Ngungu n’est-elle pas ce carrefour unique où la terre raconte ses secrets aux hommes, où chaque pierre chuchote une épopée ?
À l’heure où la saison sèche (juin à septembre) drape le paysage de lumières dorées, l’hôtellerie Georges Dombasi se prépare à accueillir ceux qui osent sortir des sentiers battus. Car c’est bien dans l’intimité de ces circuits culturels que palpite l’âme du Kongo Central – une âme résiliente, riche de ses blessures et de ses espérances, attendant seulement qu’on lui tende l’oreille et le cœur.
Article Ecrit par Yvan Ilunga
Source: Eventsrdc
